Incontestablement, le Castello di Reschio n’a rien d’un Disneyland féérique aux faux airs médiévaux. Ce château millénaire niché dans les collines d’Ombrie est 100% authentique : un hôtel qui appartient à une seule famille, et qui reflète la vision esthétique d’un seul homme.
Les chambres du Castello di Reschio cherchent à créer un effet. Cela commence par de vieux portraits qui ornent les murs ; le propriétaire espère qu’ils attireront votre regard, et vous évoqueront quelqu’un que vous aimez, ou peut-être quelqu’un que vous détestez. Leur visage nous observe depuis les siècles passés, comme s’ils n’avaient jamais vieilli et ne vieilliront jamais, symbolisant ainsi toutes les époques qu’a traversé ce château du 10e s., et celles qu’il traversera encore longtemps après notre départ. Certes, ce n’est pas une pensée très réconfortante, mais elle résume parfaitement ce qui distingue le Castello di Reschio de tous les autres fantastiques hôtels peuplant la campagne italienne.
« Nous sommes l’inverse d’un complexe touristique », affirme le comte Benedikt Bolza. Et si le Castello di Reschio survivra probablement un siècle encore, c’est grâce à Benedikt et à son père, le comte Antonio Bolza, qui a acquis cette propriété de 1 500 hectares dans les années 1990. « Nous ne nous développonspas », explique-t-il. « Son développement s’est produit au Moyen-Âge. Tout ce que nous faisons, c’est restaurer.»
Pour la famille Bolza, grandir et intégrer toutes les normes d’aujourd’hui, ce n’est pas une priorité au Reschio. Il n’y aura pas ici de terrains de golf qui envahiront le paysage, pas de flottes de voiturettes pour vous faire parcourir le domaine. « Nous sommes allergiques » à ce genre de choses, explique Benedikt, qui préfère se concentrer sur des détails plus personnels.
Pour le comte Benedikt, tout commence et tout finit par le design. Il sélectionne personnellement chaque objet ou presque que vous trouverez au Castello di Reschio. Tapisseries anciennes, chaises modernistes, lampes Art-déco, radio Marshall rétro… autant d’objets dénichés par Benedikt ou fabriqués par son cabinet, et qu’il place précisément là où ils auront le plus grand impact émotionnel. L’objectif, c’est de s’ancrer dans le présent, de s’éveiller à la beauté qui nous entoure, et de profiter pleinement de ce château, non comme une reconstitution historique du Moyen-Âge mais comme une maison qui a une âme.
«L’hôtel est conçu comme si nous vivions toujours ici et que nos visiteurs étaient des invites. » Mais il est aussi conçu par ne pas ressembler à un hôtel typique. Au lieu de couloirs interminables aux portes anonymes, ils ont simplement construit plus d’escaliers menant directement du rez-de-chaussée aux suites. Les chambres sont donc moins nombreuses, mais plus spacieuses et bien plus luxueuses.
Nul ne peut se comparer à Benedikt pour ce qui est de gérer la restauration du Reschio. D’une part, c’est un architecte et un designer à succès ; mais il a aussi vécu dans ce château, autrefois délabré, avec sa femme, Donna Nencia, et leurs cinq enfants. C’était à une époque révolue où, à chaque averse, chacun courait chercher des sceaux et des parapluies pour se préserver des fuites. En 1999, Benedikt a commencé à restaurer les fermes abandonnées du domaine pour des propriétaires particuliers, perfectionnant ainsi son art. Lui et Nencia ont alors mis à profit cette expérience dans un hôtel fraîchement inauguré. Aujourd’hui, l’intérieur ne se remplit d’eau que volontairement : les Bolza ont transformé les anciennes caves en thermes.
« Avec les fortifications extérieures, on comprend bien que l’on entre que si on y est invité », dit Benedikt. Mais une fois entré, c’est presque un choc: « On ne s’attend pas à trouver tant d’élégance. » Le fait qu’un château millénaire puisse se révéler si chaleureux et accueillant révèle toute la spécificité du design de Benedikt. Sa vision est présente dans chaque espace, et sa touche personnelle se ressent dans chaque recoin.
Oscar Wilde a écrit que tout grand portrait « est un portrait non du modèle, mais de l’artiste ». Une vérité qui semble aussi s’appliquer aux châteaux.
Détails pratiques
Voici un petit récapitulatif des questions fréquemment posées.
Pourquoi cet hôtel, et pourquoi ici ?
Lorsque le propriétaire, le comte Antonio Bolza a fui la Hongrie avec sa famille en contournant le rideau de fer, il a laissé derrière lui un passé de cavalerie montée et un domaine aristocratique. Après avoir refait fortune, il a acquis une petite partie du domaine du Castello di Reschio, et ce fut le coup de foudre : gentilhomme cherche domaine, domaine cherche noble intendant. Des années plus tard, le comte élevait ici ses propres chevaux, achetait le reste du domaine, et son fils, le comte Benedikt Bolza, lançait sa carrière d’architecte en redonnant une nouvelle vie aux fermes délabrées, une par une, selon les désirs de leurs acquéreurs.
Après des années à développer son style architectural et à vivre sur le domaine tout en y travaillant (Benedikt et sa famille vivaient dans l’une des fermes restaurées, et lui travaillait dans l’ancienne usine de tabac des années 1940), la famille est passée à l’étape suivante : ouvrir le château au public. Aujourd’hui, il est pourvu de restaurants, de bars et d’une piscine à débordement, pour compléter le décor de forêts naturelles et de lac miroitant.
Qui vient ici?
Le propriétaire, Benedikt Bolza, nous a raconté qu’il était surpris de voir parfois arriver au Castello di Reschio des couples aussi jeunes, venus pour s’offrir le luxe d’un séjour dans un domaine qui semble presque irréel. Le succès du lieu sur Instagram y est sûrement pour quelque chose (le Castello di Reschio a probablement le plus grand nombre de followers de tous les hôtels Tablet), mais avec des tarifs aussi élevés et un nombre aussi modeste de chambres (36), on ne risque pas de subir la foule sur ce domaine de 1500 hectares. De nombreux voyageurs solo viennent également, et la variété des activités proposées parvient aussi à séduire les familles : tennis, balades en vélo, moments de détente en bordure de lac, pêche, chasse à la truffe et promenades dans la nature à la rencontre des renards et des sangliers… Les cours de cuisine débutent par des excursions à la recherche des ingrédients et les instructeurs de l’école équestre du domaine vous emmènent en promenade à cheval dans la nature (et ceux qui s’y connaissent peuvent même s’essayer au dressage).
A l’extérieur du domaine, on découvre que le Castello di Reschio jouit d’un cadre unique, à la frontière entre la Toscane et l’Ombrie, avec de nombreuses petites villes à une heure de route et pléthore de sites historiques et culturels près d’Assise, Arezzo, Cortona, Gubbio, Pérouse et Sienne ; et bien sûr, toute la gastronomie et les vins traditionnellement associés aux mots « campagne italienne ».
Quelle est la meilleure période pour s’y rendre?
L’hôtel ferme pour la basse saison en janvier, et rouvre ses portes à la mi-mars. L’automne et le printemps, plus doux, sont considérés comme les meilleures périodes pour visiter l’Italie, avec des festivals et de bon produits de saison ; mais l’été, la région du Reschio accueille de nombreux opéras et concerts en plein air. L’Umbria Jazz Festival, en juillet, est le plus célèbre de la région. En 2022, le Castello di Reschio s’est associé à l’événement et a réservé quelques billets pour ses visiteurs, avec dîner et transport compris. Parmi les autres événements annuels figurent le salon du chocolat, l’Eurochocolate, fin mars à Pérouse, et les processions religieuses de la Festa di San Francesco à Assise en octobre.
Quelle est la meilleure chambre pour un voyageur solo ? Un couple? Une famille?
Là encore, on ne peut pas se tromper. Chaque chambre possède un décor et un design uniques (de même qu’une forme particulière, grâce à l’agencement historique de la bâtisse), et toutes sont inondées de lumières et s’organisent autour de la magnifique cour verdoyante. Les catégories vont des simples « Rooms » à la « Tower Suite » ; cette dernière est une suite composée de plusieurs chambres sur différents niveaux, et d’une baignoire en plein air : l’idéal pour une lune de miel, mais avec également deux chambres pour accueillir une famille ou des amis. Les « Grand Suites » conviennent à deux adultes avec deux enfants, et la Suite Castello Twin possède deux lits pour une famille ou deux couples. Difficile d’imaginer qu’un voyageur solo puisse avoir un problème dans l’une des autres chambres.
A noter : tous les logements se trouvent dans le château, à l’exception des six suites San Michele, installées non loin, dans l’ancienne sacristie. Deux d’entre elles disposent d’un jardin privatif.
Y a-t-il des éléments de design que je pourrais manquer si vous ne m’en parlez pas?
Des objets dénichés ça-et-là. Un vieux pressoir à huile d’olive, un buste romain. L’ensemble est si harmonieux que l’on peut manquer ces détails, mais chaque choix témoigne de la sensibilité de Bolza. « Je crois fermement qu’il faut ajouter au moins un objet ancien, un complément d’âme, à chaque chambre », raconte Benedikt. Voilà qui prouve le soin apporté à chaque chambre, et démontre toute la passion de cet établissement familial. Le mobilier provient en grande partie de l’entreprise de Benedikt, et est fait de matériaux locaux.
Et pour dîner?
Deux restaurants et trois bars occupent le rez-de-chaussée du Reschio. Les restaurants, l’Alle Scuderie et l’Al Castello, misent tous deux sur la cuisine italienne traditionnelle et les produits de saison, qui proviennent souvent du potager bio de l’établissement. Ils affichent un magnifique décor façon Reschio, une splendide vue sur la nature et de spacieux espaces extérieurs. Le Bar Centrale loge dans le restaurant Alle Scuderie, et le bar Palm Court est aménagé entre les colonnes de fer et le toit vitré d’une cour garnie d’arbres tropicaux, de bustes et de portraits, offrant un cadre unique. Il Torrino est un bar installé au bord de la piscine, dans un ancienne petite tour de guet, et propose expressos, cappuccinos, jus et cocktails. A noter : le Reschio fabrique sa propre huile d’olive, son vin et son miel.
Et côté durabilité?
Ils n’utilisent presque pas de plastique, et leur cuisine est biologique… « mais je n’aime pas en faire tout un plat », affirme le propriétaire, car « toutes ces choses devraient aller de soi ». En d’autres termes, c’est une évidence pour un hôtel de cette envergure. De même que la cuisine biologique et la ferme qui cultive « comme l’a prévu la nature », et que Nencia Bolza fait découvrir aux visiteurs, entre légumes, fleurs et herbes aromatiques. La préférence pour le local est un autre aspect essentiel. Les matériaux bien sûr, mais aussi le personnel, dont beaucoup de membres viennent du village voisin. « Je pense que l’une de nos grandes singularités, c’est la lenteur avec laquelle nous avons développé » le domaine, indique Benedikt Bolza. Nous cherchons avant tout à apporter notre contribution, et à le faire de la bonne manière. Avant cet hôtel, Bolza rénovait des fermes. Il en a fait 28 en 28 ans. « Cela ferait beaucoup rire les promoteurs.»
Quel est le mot de la fin?
Au bout d’un millénaire, le domaine du Reschio a enfin ouvert ses portes au public en 2021. C’est un véritable hommage à la richesse de la scène touristique italienne : le fait qu’un lieu à l’histoire aussi riche puisse apparaître, semble-t-il, au milieu de nulle part, et devenir l’un des hôtels les plus fascinants du pays. Mais le résultat est là : un château conçu avec grand soin pour les passionnés de design.
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