Encadré, d’un côté, par la côte Atlantique, ses immenses étendues de sable et ses forêts de pins, et de l’autre, par la mer Méditerranée, un autre Sud-Ouest se dévoile. Celui d’une campagne bucolique qui creuse ses sillons jusqu’aux pieds des Pyrénées. Moins connu, moins peuplé, plus sauvage, plus paisible, il est le repère des expatriés anglais et l’oasis secrète des vacanciers préférant les chemins de campagne déserts et les châteaux fortifiés aux littoraux et pistes de ski peuplés de Parisiens.
Un labyrinthe de petites routes serpente à travers les coteaux. Elles sont si étroites que l’on se demande comment deux véhicules peuvent s’y croiser. Seuls les locaux connaissent leur géographie, chacun de leur tournant et les centaines de villages qu’ils desservent. Pendant de longues minutes, on ne voit rien d’autre que les champs de maïs, dont les tiges, dorées à point, dissimulent l’horizon. Ça, c’est en plein été, quand les cigales envahissent l’atmosphère. En hiver, les champs ont la tête rase. Ils laissent place aux courbes douces et régulières du relief qui délimite chaque vallée.
De l’autre côté d’un versant gravi vaillamment, un ravissant bourg nous accueille sur sa place centrale. C’est l’heure du marché. Celui-ci a investi les halles ouvertes, qui exhibent fièrement leurs colonnades et leur chapeau de tuiles. Il s’étire sous les voûtes, dans les ruelles pavées, au pied des façades ocre et charpentées. C’est la grand-messe hebdomadaire. On se reconnaît, on se salue. Sur les étales, les producteurs de la région exhibent choux, volailles, fromages et autres spécialités du coin. On complimente la taille des navets. On partage la recette du jour. Ici, les bons produits et les repas à rallonge sont une religion. Les petits exploitants nous accueillent d’ailleurs volontiers chez eux. Il suffit de suivre les panneaux aux croisements des routes : foie gras, miel, lait de bufflonne, safran, Armagnac, fromage de chèvre… Les fermiers nous ouvrent leurs domaines, partagent leurs savoir-faire et dressent la table.
On y découvre un autre quotidien, une vie au rythme de l’exploitation, des animaux, des saisons. On y fait l’expérience d’une autre temporalité. Les villes sont bien loin. On se régale de cette quiétude, de ce retour à l’élémentaire. On reprend racine, les deux pieds campés sur la terre fraîchement labourée. On pourrait passer des semaines à se faufiler entre les champs et les vignes, à égrainer les marchés de la région, à passer le reste de la journée à table, à savourer le silence et l’accent gascon. Inutile d’aller jusqu’en Inde pour s’enfermer dans un ashram. La campagne gasconne fait office de retraite, de méditation, au grand air. Mais il nous faut encore aller saluer ses géants de pierre.
Isthme européen reliant l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, le Sud-Ouest a constitué par le passé une voie de communication majeure. Il est traversé par les chemins de Saint-Jacques de Compostelle et possède un potentiel agricole et viticole qui attire au Moyen-âge nombre de seigneurs. Monts, éperons et versants se couvrent alors de châteaux majestueux. 82 rien que dans le département du Gers. Tours, fortifications, points de vue panoramiques, ils nous transportent à travers l’histoire, tout en imposant leurs personnalités propres. Des constructions du Sud-Ouest, la plus grandiose est sans aucun doute celle de la cité médiévale de Carcassonne. Flanquée de deux enceintes fortifiées, d’un château du 12e siècle, d’une basilique, de 52 tours et de vrais habitants, elle est la plus grosse forteresse d’Europe. En l’apercevant au loin, on pourrait croire à un mirage dans la chaleur occitane ou à un décor de cinéma. C’est un anachronisme fabuleux. Une vision d’un âge qui semble à la fois si proche et si lointain.
En reprenant la route à travers champs, une autre merveille se dessine au loin. Un front géant s’étire à l’horizon, barrant la route du sud. Les Pyrénées veillent à la frontière. Ils gardent l’entrée du pays. En hiver, leurs plis enneigés s’allument de rose au petit matin, virent à l’argenté sous le soleil de l’après-midi. Sur sa crête, le célèbre pic du Midi, qui culmine à 2877 mètres, abrite le plus ancien observatoire astronomique de haute montagne du monde. La Nasa y a notamment établi sa cartographie lunaire. Terrain de jeux des scientifiques, le lieu est désormais accessible à tous. Ses pistes de ski aussi. Largement délaissées par les Parisiens qui leur préfèrent les versants, plus proches, des Alpes, les pentes du massif sont du pain béni pour les autres vacanciers. Avec une cinquantaine de stations, sans compter celles de la Principauté d’Andorre, et des milliers de kilomètres de glisse, on ne risque pas de tourner en rond. Ceux qui préfèrent le plancher des vaches pourront toujours aller voir un match de rugby, la deuxième religion ici.
Hôtels
Si vous prévoyez un séjour dans le Sud-Ouest, ces hôtels sont d’excellentes adresses pour arpenter la région.
La Bastide en Gascogne
Barbotan-les-Thermes, France
Le Florida
Castéra-Verduzan, France
Hotel Plaza Andorra
Andorra la Vella, Andorra
Hôtel de La Cité
Carcassonne, France
Camellas-Lloret
Montréal, France
Boutique Hôtel Soclo
Toulouse, France