Depuis plus de 50 ans, le Sundance Resort, propriété de Robert Redford dans l’Utah, est une fantastique source d’inspiration pour le monde du cinéma, mais aussi de la culture en général de la préservation de la nature. Mais ceux qui viennent simplement pour l’hôtel ou le ski ne seront pas déçus !
Réalisé en 1969, La descente infernale est un film avec Robert Redford sur les compétitions de ski alpin, qualifié par Roger Ebert de « meilleur film jamais réalisé sur le sport – bien qu’il n’en soit pas du tout un ». Une description qui s’applique également au Sundance Resort de Robert Redford, dans l’Utah. Ce complexe de ski s’intéresse tout autant à l’art, aux communautés et à l’environnement qu’aux sports de glisse. Une particularité voulue dès sa conception par l’acteur, il y a plus de 50 ans.
Aujourd’hui, c’est l’autre Sundance de Robert Redford, le célèbre festival du film qui se déroule dans la ville voisine de Park City, qui est le plus connu du grand public. Mais si cet événement a lancé de nombreuses histoires cinématographiques, celle de l’hôtel mérite tout autant d’être contée. C’est par un pur hasard que Redford a découvert le domaine skiable familial de Timp Haven dans les années 1950. Il n’était alors qu’un étudiant qui se rendait à moto à l’université du Colorado. Mais ce site situé juste à la sortie de Provo l’a instantanément fasciné. Pour lui, cette montagne culminant à plus de 3600 mètres était comme les Alpes suisses, et ses vastes paysages recelait mille possibilités.
Moins de dix ans plus tard, Robert Redford est devenu une star de cinéma. Et s’il n’y avait pas besoin d’être dans le gratin hollywoodien pour voir que l’exploitation du Colorado et de l’Utah menaçait la beauté de leur nature, il fallait toutefois avoir le bras long pour faire ce qu’il parvint par la suite à mener à bien. En 1968, l’acteur réunit des investisseurs, y fit l’acquisition de 1200 hectares auquel il donna le nom de celui qui allait devenir son personnage le plus emblématique, et décida de lancer son projet avec, en tête, la préservation de l’environnement et l’expérimentation artistique.
Au cours des décennies qui suivirent, Robert Redford y bâtit son havre de paix : un lieu de communion entre art et nature, à l’abri des gros projets de construction qui poussaient comme des champignons sur les flancs des montagnes Rocheuses. En 1981, il invita dix jeunes cinéastes à venir découvrir son sanctuaire au milieu des montagnes, et à y développer leurs projets indépendants. Bientôt, il fit construire des centaines de chalets privés et de location afin de financer cette formidable fabrique artistique. Le reste fait partie de l’histoire du cinéma.
Ces dernières années, Redford a cherché à vendre l’établissement, dans l’espoir de trouver quelqu’un qui poursuivrait, voire améliorerait encore le fruit de toutes ces années d’efforts. En 2020, le lieu a certes changé de propriétaire, mais le Sundance Resort a indéniablement conservé l’esprit de Redford. Sa devise a toujours été : « développer un peu et préserver beaucoup ». C’est ainsi que les constructions se fondent toujours dans le paysage, et qu’aucune ne s’élèvera jamais au-dessus de la cime des arbres. Plus de 200 ha sont préservés à jamais de tout projet de construction.
“Sundance est différent de Park Cities, Altas ou Snowbirds,” déclare l’hôtel, décrivant la vision de Redford, à l’occasion d’une rencontre avec Tablet. “L’ambiance est beaucoup plus pittoresque et intime ici. Beaucoup de visiteurs préfèrent ce type d’expérience lorsqu’ils vont à la montagne. C’est comme une station de ski locale, à taille humaine, et pour beaucoup de gens, c’est le cadre idéal pour un séjour de ski.”
Pour Redford, l’expérience offerte par le Sundance Resort devait évoquer les paradis de montagne de la côte est comme le Sugarbush, dans le Vermont, au milieu des années 1960. Dressant un portrait de Redford, Ski Mag a écrit que c’était l’époque où le Sugarbush était « petit et élégant.” De nos jours, il est rare que ces deux termes s’appliquent aux stations de ski telles que Park City ou de Vail. Les foules s’y amassent devant les remontées mécaniques et les stands de tacos plantés à mi-hauteur des pistes. Mais au Sundance, malgré quelques récentes rénovations qui ont permis l’installation de nouvelles remontées mécaniques et l’actualisation de certains éléments des bâtisses, le complexe reste fier de ses “grands espaces et ses petites remontées mécaniques”.
Ce qui ne signifie pas que le luxe n’y trouve pas sa place. Les huit options en matière de restauration vont de l’épicerie fine à la cuisine moderne franco-américaine proposée au Tree Room, parmi les œuvres d’art amérindiennes provenant de la collection personnelle de Robert Redford. On s’y installe à des tables entourées de poupées kachina et de poteries indigènes, tandis qu’un arbre perce le plafond de la salle. On retrouve dans les chambres l’esprit des cabanes indépendantes, toutes reliées par des sentiers de randonnée et de petits chemins, si bien que l’hôtel ressemble davantage à un petit village qu’à un complexe de vacances ; mais les équipements (jacuzzis et cheminées, linge de luxe et barbecues) n’ont rien à envier aux autres stations de sports d’hiver.
Les chambres sont réparties en cinq catégories, de la standard (lit, salle de bain, coin salon) aux Mountain Lofts, plus spacieux, avec cuisine complète, suite, espaces loft et salons. Les Mountain Homes possèdent chacun leur propre nom, tels Hawk’s Nest (« nid d’aigle »), Dream Catcher (« attrapeur de rêve ») et Owl Spirit (« esprit du hibou »), et ne manquent pas d’espace : elles peuvent accueillir jusqu’à quinze personnes et sont équipées de tables de ping-pong et de billards. Tous les logements distillent une atmosphère élégante façon chalet, avec boiseries et crânes sauvages aux murs. Pour une ambiance western encore plus authentique, rendez-vous au Owl Bar, un bar restauré des années 1890 qui vient directement du Wyoming ; un bar dont on dit qu’il fut commandé par Butch Cassidy en personne.
Et bien que Park City reste le lieu du festival du film, le Sundance Resort accueille toutefois des projections ainsi que le brunch des réalisateurs qui donne chaque année le coup d’envoi de l’événement international. Après tout, l’esprit artistique fait autant partie de son ADN que les télésièges. Accueillant les artistes et leurs œuvres, la Sundance Art Gallery propose expositions et ateliers. Des cours de peinture et de gravure, de bijouterie, de poterie et même de fabrication de savon sont proposés à l’Art Studio, tandis que le Glassblower Studio invite les visiteurs à admirer le travail des artistes qui transforment des morceaux de verre usagé en véritables œuvres d’art. Le complexe accueille des auteurs (avec notamment une conférence animée par Rick McIntyre, grand spécialiste des loups sauvages, sur l’histoire de leur réintroduction à Yellowstone) ainsi que des événements communautaires, tels que le Harvest Market, organisé en collaboration avec une université locale.
“Je tenais à préserver cet endroit, mais pas en dépensant des sommes folles,” a déclaré Robert Redford à Ski Magazine. “C’est pour ce genre de projets que j’ai quitté Los Angeles. J’ai donc acheté le terrain et lancé le Sundance Institute alors qu’il n’y avait absolument rien ici. On m’a dit que j’avais perdu la tête. Mais j’étais à la recherche d’une symbiose parfaite entre l’art et la nature.” Et avec le Sundance Resort, Robert Redford semble l’avoir trouvée.
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