Venise, Rome, Lisbonne, Porto ou encore Barcelone, ces beautés urbaines existent depuis une éternité, mais la magie opère toujours.
Vous les avez sûrement déjà croisées, en coup de vent, le temps d’un week-end ou il y a déjà bien longtemps (et si jamais, vous n’avez plus une minute à perdre !) Or, ces cinq grandes dames européennes valent bien plus qu’un simple regard en passant. Elles méritent toute votre attention, en particulier lorsqu’elles s’apprêtent à quitter leur manteau d’hiver.
Ces mines d’or historiques, culturelles, artistiques, architecturales et gastronomiques sont intemporelles. Leurs joyaux restent intacts et trouvent même dans cette génération inventive et cosmopolite une nouvelle jeunesse, un nouvel éclat. Architectes, artistes, chefs, designers ou encore hôteliers façonnent chaque jour leur ville pour vous la présenter sous son plus beau jour. Et ces dix hôtels ne manquent pas à leur devoir.
VENISE
À découvrir ou redécouvrir : les hordes de touristes mis à part (on recommande de s’y rendre en dehors de la saison estivale), la fascination de cette ville irréelle posée en équilibre sur une centaine d’îles, et traversée par plus de canaux encore, ne cesse de s’exercer. Le Grand Canal, qui baigne les pieds de nombreux palais gothiques et Renaissance, est un incontournable, tout comme la place Saint-Marc, considérée par Napoléon Bonaparte comme « le plus élégant salon d’Europe », sa basilique, son campanile et l’imposant palais de Doges au visage marbré de rose et de blanc. C’est là que bat le cœur des festivités lors du carnaval de Venise.
Le Palazzo Grassi, l’un des plus importants palais vénitiens, a été acquis par François Pinault et transformé par l’architecte japonais Tadao Andō, pour y installer la collection privée d’art moderne et contemporain du milliardaire français. Parmi les innombrables ponts de Venise, le pont des Soupirs est particulièrement poignant puisqu’il s’agissait du dernier passage emprunté par les condamnés entre le tribunal du Doge et leur prison. Le pont Rialto est également remarquable. Il relie le marché du même nom, en activité depuis 1097, où s’approvisionnent en poisson – produit phare de la cuisine vénitienne – locaux et restaurants. Ce quartier de San Polo s’anime à l’heure de l’aperitivo. On se rendra entre-temps à la Gallerie dell’Accademia pour admirer le David de Michel-Ange puis à La Fenice, théâtre lyrique réputé dans le monde entier dont le bâtiment néo-classique vaut à lui seul le billet.
Mais aussi : la boutique Louis Vuitton qui, dans l’ancien cinéma San Marco, dissimule un salon VIP ainsi qu’un espace d’exposition installé au dernier étage et enrichi par des œuvres classiques restaurées. Vous pouvez même y faire fabriquer vos chaussures sur mesure.
Son offre culinaire:
Antica Osteria Cera : jusqu’alors seul restaurant vénitien à détenir deux étoiles au guide Michelin, l’Antica Osteria Cera propose dans un cadre au design élagué une cuisine traditionnelle sans prétention travaillant avec finesse et audace les produits de la mer.
Harry’s Bar : lieu de naissance du Bellini, un pèlerinage s’impose. D’autant plus quand on sait que ce bar établi par Giuseppe Cipriani a été fréquenté par Hemingway, Orson Welles, ou encore Truman Capote. Transformé en brasserie touristique, on y passe pour un rapide cocktail, histoire de dire.
OÙ RESTER:
Aman Venice – Un palais Renaissance du XVIe siècle, il fallait bien cela pour un hôtel Aman. Soigneusement préservée, la construction a seulement revu un peu sa décoration depuis : un mobilier B&B Italia et un luxe dernier cri qui n’aurait pas déplu aux princes de l’époque. Des visites guidées proposées par des chefs et des historiens, il fallait y penser, mais rien d’étonnant venant d’un hôtel Aman.
Palazzina Grassi – Le Palazzo Grassi de François Pinault abrite certes des œuvres de Warhol et de Jeff Koons, mais aussi des chambres signées Philippe Starck. L’hôtel aménagé dans l’ancien palais fait la transition entre passé et futur, jetant un grand coup de peinture blanche sur les murs entre deux reflets de chrome et de miroir. C’est ce qu’on appelle réécrire l’histoire.
ROME
À découvrir ou redécouvrir : Colisée, forum romain, basilique Saint-Pierre, musée du Vatican, fontaine de Trévi, Panthéon, escaliers de la place d’Espagne, piazza Navona… Vous n’aurez pas vu Rome tant que vous n’aurez pas vu et revu tous ces joyaux que le monde lui envie. Il suffit d’arpenter la ville et de se laisser porter d’une merveille à l’autre, happé ici ou là par une odeur de pizza maison ou de glace artisanale.
Mais aussi : en fin de journée, le Campo deí Fiori se vide de ses touristes et la place retrouve ses jeunes locaux pour un verre en terrasse. La galerie Borghèse, qui a posé ses peintures (Le Caravage, parmi d’autres) dans une villa du 17e siècle, s’élève au cœur d’un somptueux parc tapissé de fleurs et de plantes exotiques. Autre demeure remarquable, la villa Médicis est particulièrement féérique au coucher du soleil pour la vue qu’elle offre sur la ville.
Son offre culinaire : difficile de faire un choix parmi la myriade de restaurants étoilés de l’une des capitales culinaires mondiales.
La Pergola : seul établissement aux trois étoiles Michelin, comment ne pas mentionner ce haut lieu de la gastronomie accroché dans le ciel romain dont la cuisine aux saveurs méditerranéennes se savoure face à un panorama historique.
Marco Martini Restaurant At The Corner : le jeune chef Marco Martini n’a pas tardé à faire parler de lui. Récemment récompensé de sa première étoile au guide Michelin, c’est une cuisine personnelle basée sur ses souvenirs et sur des produits de saison qu’il invite à découvrir. L’héritage de la cuisine romaine est bien là, magnifié par une inspiration moderne.
S’il est impossible d’élire les meilleures pâtes de la ville, vous ne vous tromperez pas en allant chez Roscioli Salumeria. Ce restaurant plein d’allure qui fait aussi office de bar à vin et de déli accompagne la pasta d’une carte de quelque 2,800 vins et de fromages italiens. Autre adresse incontournable pour explorer le sujet : Eataly, où l’on peut suivre un cours de cuisine avec l’un des meilleurs chefs italiens.
Pour un verre, installez-vous au bar ou dans le jardin de l’hôtel Palazzo Dama. Les meilleures glaces se dégusteront, elles, chez Giolitti – comme en atteste la file d’attente (toutefois rapide) à l’entrée.
OÙ RESTER:
G-Rough – Rome à travers les âges : une architecture du 17e siècle et un mobilier piochant aussi bien dans les années 30, 40 et 50. Ajoutez à cela un luxe moderne et vous traversez toutes les époques en une seule nuit. Les styles se mêlent et se démêlent et vous enivrent avant même l’aperitivo. Un pur condensé de charme romain.
Portrait Roma – Autre décor, autre ambiance. C’est la famille Ferragamo qui vous ouvre ici les portes de chez elle. C’est donc sans surprise que l’on y découvre une création élégante et distinguée, incarnant le chic romain d’aujourd’hui et pensée jusque dans ses moindres détails – y compris les terrasses ouvertes sur les toits de Rome. (Si vous voyez des chaussures partout, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas le fruit de votre imagination.)
LISBONNE
À découvrir ou redécouvrir : des rues tortueuses illuminées de tons pastel, une âme frémissante, jeune et créative, une adresse coincée entre collines et remous marins, Lisbonne respire le charme et la douceur de vivre portugaise. Elle fait de ses façades authentiques décorées d’azulejos une fierté, un trésor national à découvrir au fil des rues et au musée national de l’azulejo. Autre symbole citadin : les vieux tramways et funiculaires qui aident les moins sportifs à prendre de la hauteur.
La tour de Belém, le monastère des Hiéronymites et le quartier Alfama, le plus vieux de la ville, sont immanquables. De même que le quartier bohème Bairro Alto et son funiculaire qui grimpe jusqu’à l’église Saint-Roch. Ses rues branchées s’animent le soir sur un air de fado. Et avec ses quelque 250 bars, vous aurez l’embarras du choix.
Mais aussi : le pont suspendu du 25 avril aux allures de Golden Gate, les musées et jardins de la Calouste Gulbenkian Foundation et les plages d’Estoril ou de Praia Da Riviera à une demi-heure du centre-ville.
Son offre culinaire : destination innovante en matière de gastronomie, elle a fait du poisson sa spécialité, comme le bar et la morue séchée. Les poissons de la côte atlantique portugaise sont d’ailleurs considérés par certains chefs comme les meilleurs au monde.
Belcanto : Premier chef portugais à recevoir deux étoiles Michelin, le chef José Avillez opère dans le centre historique de Lisbonne, à deux pas de la maison d’enfance de Fernando Pessoa. Il apporte à la tradition maritime lisboète une audace et une fraîcheur étonnantes, comme l’illustre la seule association bar, avocat, dashi, salsifis et huile de pistache. À vous de goûter !
Prado : imaginez un ancien hangar à poisson métamorphosé en restaurant design à l’empreinte végétale. C’est ici que le chef António Galapito, ancien de la brigade de Nuno Mendes, met en valeur des produits locaux et de saison associés à des vins bios.
Le Timeout Market célèbre lui aussi les spécialités régionales. Pour la recette originale des pastéis de nata, rendez-vous au café Pastéis de Belém, qui tient lui-même ce secret vieux de près de 200 ans du monastère voisin Mosteiro dos Jerónimos. Et si vous n’arrivez pas à vous décider face à la multitude de bars du Barrio Alto, le speakeasy Park vous conduira jusqu’au dernier étage d’un parking avant de vous récompenser d’une vue imprenable sur la ville.
OÙ RESTER:
Verride Palácio De Santa Catarina – Lui aussi dispose d’un bar en rooftop, mais plutôt que de dormir dans un parking on vous offre ici la vie de château. Ancien palais du 18e siècle, le Verride Palacio a su préserver son cachet historique – pensez moulures, azulejos, murs voutés en pierre… – tout en s’offrant ce que le design moderne a de plus beau, y compris une piscine en rooftop.
Almalusa Baixa/Chido – À la vie de château, on préférait ici celle du guerrier. Cet ancien arsenal et entrepôt militaire a déposé les armes pour se reconvertir en hôtel boutique paisible, et la transformation est aussi radicale que réussie. Un îlot urbain qui agrémentera votre repos des délices de son restaurant Delfina.
PORTO
À découvrir ou redécouvrir : moins touristique et tout aussi bouillonnante – vous réaliserez à la tombée de la nuit que les Portuan savent eux aussi faire la fête – Porto rivalise désormais avec sa voisine lisboète parmi les destinations en vogue. Elles ont notamment en commun la beauté des azulejos : ici on les admire dans la gare routière, sur la façade de l’église do Carmo ou encore dans le quartier de Baixa. Elles tirent aussi toutes deux leurs charmes de leurs rues pittoresques noueuses et bariolées qui dévalent ici le quartier de Ribeira jusqu’aux rives du Douro. Entre ses façades préservées décorées de linge, on découvre à chaque tournant une vue extraordinaire sur le fleuve et le pont Dom Luis I.
Mais aussi : avec ses escaliers en bois et ses moulures raffinées, la librairie Lello Porto, héritage de la scène littéraire portugaise, est l’une des plus vieilles au monde. Elle aurait aussi, selon les dires, inspiré la librairie de Poudlard de J. K. Rowling. Chez sa voisine, la boutique cosmopolite A Vida Portuguesa, vous aurez bien du mal à ne pas craquer sur un petit quelque chose à rapporter.
Son offre culinaire : d’après ses habitants, une journée à Porto ne peut commencer sans un croissant. Alors autant le déguster dans le magnifique cadre Belle Époque du Majestic Café. Ensuite, à vous de juger si vous avez l’estomac suffisamment solide pour tester la spécialité culinaire de la ville, le francesinha, un sandwich composé de saucisses, de jambon et de viande de bœuf, le tout entièrement recouvert de fromage, accompagné d’une sauce tomate à la bière et parfois couronné d’un œuf. Enfin, il est impossible de passer à côté d’une dégustation de vin de Porto, trésor national, que ce soit dans un bar ou dans l’une des célèbres maisons du pays comme Taylor’s. En dehors de la ville, les collines verdoyantes transformées en vignobles de la vallée du Douro offrent un cadre magique à celui qui s’aventure dans les terres.
Pedro Lemos : des ingrédients choisis avec soin chez les meilleurs producteurs, une cuisine héritage à la fois simple et percutante et un cadre intimiste avec terrasse extérieure. Récompensé d’une étoile Michelin, le Pedro Lemos s’est imposé parmi les adresses incontournables de Porto.
Ostras Coisas : table chic spécialisée dans les produits de la mer, frais ou cuisinés, elle associe des mets de la meilleure qualité à des vins du même acabit. Une pièce indépendante privatisée recrée même l’atmosphère intimiste de votre salle à manger.
OÙ RESTER:
1872 River House – Une ossature historique débordante de charme, des chambres uniques élégamment meublées et une taille réduite lui conférant calme et intimité. Il ne manquait plus que le petit-déjeuner servi sur la terrasse en tête à tête avec le Douro pour que le tableau soit parfait.
Portobay Hotel Teatro – Ancien théâtre du centre de Porto, l’hôtel Portobay a fait de cette thématique le sujet de sa représentation. Les chambres prennent des allures de loges luxueuses au caractère bien trempé avec leurs baignoires et miroirs de diva. Mais le clou du spectacle se trouve peut-être dans l’assiette du Palco où le homard bleu sort le grand jeu.
BARCELONE
À découvrir ou redécouvrir : faut-il encore la présenter ? Petit bijou d’art et d’architecture, Barcelone est un véritable musée à ciel ouvert. Chacun peut y apprécier sur son chemin les chefs-d’œuvre modernistes de Gaudí qui se dressent à travers la ville comme la célèbre Sagrada Família dont les travaux, initiés en 1886, touchent bientôt à leur fin. On doit également à l’architecte catalan la Casa Vicens, La Casa Batlló, la Pedrera ou encore les mosaïques bariolées du parc Güell, promontoire végétal et coloré surplombant la ville. Autres sites emblématiques de Barcelone : le musée Picasso, la fondation Joan Miró ou encore le Montjuïc, accessible grâce à un téléphérique et d’où l’on décroche une autre vue extraordinaire sur la ville.
Malgré son tourisme étouffant, La Rambla figure parmi les promenades incontournables, de même que le quartier de la Barceloneta et son bord de mer où l’on vient déguster des fruits de mer – le restaurant Pez Vela y est particulièrement réputé – ou encore le marché de la Boqueria, l’un des plus grands d’Europe, datant de 1217.
Mais aussi : le quartier gothique de Barcelone décoré de magnifiques façades en pierre. La rue Carrer Petritxol, vieille de plus de 500 ans, est connue pour ses vendeurs de chocolat chaud, à déguster avec des churros. Dans le même quartier, la “rue du Bishop” dévoile un superbe pont néo-gothique. Le parc du Palo Alto, où se tient une fois par mois le Palo Alto Market, constitue une belle oasis urbaine.
Son offre culinaire : c’est sans surprise que les tapas occupent le devant de la scène culinaire barcelonaise. Et on n’est jamais au bout de nos surprises.
La Barra de Carles Abellán : outre son design hypnotique qui porte le bar à tapas dans une tout autre dimension, la Barra nous transporte dans les profondeurs marines à travers une carte dédiée signée du chef renommé Carles Abellán et des mets travaillés au grill japonais robata. Un voyage des sens salué d’une étoile Michelin.
Bar Mut : il est dit que Robert De Niro y a ses habitudes. Pourquoi ne pas aller voir par vous-même si c’est vrai. Vous en profiterez pour goûter ses vins et tapas, réputés parmi les meilleurs de la ville.
La cour bucolique de l’Antic Teatre, petite bulle de fraîcheur au cœur de la ville, est également idéale pour se désaltérer en fin de journée.
OÙ RESTER:
Claris Hotel & Spa GL – Le Palacio Vedruna apparaît aujourd’hui sous les traits d’un palais des temps modernes brassant aussi bien les visages technicolors de Marilyn, des meubles du 18e et des sculptures du 7e siècle. Un foisonnement culturel et stylistique à l’image d’une ville et d’un quartier, l’Eixample, cosmopolites et vibrants. Il ne cessera de vous étonner, à commencer par sa piscine en rooftop plongeant sur la ville.
Mercer Hotel Barcelona – Dissimulée dans le quartier gothique de Barcelone, cette tour médiévale repensée en hôtel de luxe paisible est un petit bout d’histoire tombé amoureux de la modernité. Maniés avec douceur, les contrastes d’époque fonctionnent à merveille, jusqu’à offrir à la piscine en terrasse une vue sur la cathédrale gothique.