Colorez les murs de chez vous de paysages exotiques.
Privé de liberté de mouvement, chacun appréhende la quarantaine à sa façon. Jardinage, lecture, écriture, cuisine ou coloriage sont autant de manières de s’évader. Le voyage en est une autre. Car votre esprit, lui, est libre de vagabonder. Il suffit de le laisser rêver. Rêver aux destinations qui accueilleront votre soif de liberté une fois que vous serez à nouveau à même de côtoyer les nuages.
Quant au choix des destinations, il suffit de regarder du côté de nos nouveautés, synonymes bien souvent d’un développement culturel prometteur ou d’un recoin encore inexploré. Chaque hôtel de cette sélection met ainsi en lumière une destination en devenir, une promesse qui justifie autant l’intérêt d’un hôtelier clairvoyant que le vôtre.
La destination : Désert du Namib, Namibie
L’hôtel : Sonop
La Namibie est en train de vivre son heure de gloire touristique. Et cela semble dû, en grande partie, au groupe Zannier. En 2018, cet hôtelier qui a déjà conquis les Alpes françaises, la Belgique et Siem Reap a ouvert son premier hôtel en Namibie sur les recommandations d’une amie commune, et pas des moindres, Angelina Jolie, venue passer quelques jours dans son établissement cambodgien, le Phum Baitang. En collaboration avec un écologiste local, l’hôtelier a créé l’Omaanda, un hôtel de luxe pour safari dissimulé au coeur d’une réserve de près de 9000 hectares.
En 2019, Zannier s’est appuyé sur ce succès pour concevoir le Sonop, une autre collection de tentes de luxe, également en Namibie, dressée cette fois-ci au coeur du plus vieux désert du monde. Inspirées par le style des safaris anglais des années 20, elles ont été hissées sur des rochers au-dessus du plateau désertique. Un point de vue idéal pour embrasser pleinement ce paysage à la beauté éphémère, parsemé de dunes de sable rouge et des silhouettes singulières formées par les « squelettes » d’arbres séchés, mais jamais disparus. On parcourt les sentiers en vélo électrique ou à montgolfière, et on profite pleinement de ce poste d’observation unique pour détailler les étoiles.
Des options plutôt prometteuses pour nos deux premiers hôtels du pays.
La destination : Lac Llanquihue, Chili
L’hôtel : Hotel AWA
« Mystique » est un adjectif que nous utilisons souvent pour qualifier les paysages de la Patagonie chilienne, l’une des contrées les plus époustouflantes au monde. Heureusement pour nous, la région a également été dotée d’une poignée d’hôtels à l’architecture et au design (presque) aussi spectaculaires que leur écrin naturel. Jusqu’à récemment, la plupart de ces constructions inoubliables se trouvaient au sud, à Puerto Natales et dans le parc national Torres del Paine. C’était avant l’apparition d’un hôtel extraordinaire, à des milliers de kilomètres au nord, sur les rives du lac chilien de Llanquihue.
L’hôtel AWA s’élève sur cinq étages de béton, de verre, de métal et de bois — un superbe exemple du modernisme du groupe hôtelier chilien en confrontation avec la nature environnante. Le design impose son audace et tient le cap face au magnétique sommet blanc de l’Osorno, le volcan culminant à 2650 mètres posé sur la rive opposée du lac. Mais aussi attrayant que soit l’hôtel, vous manqueriez une bonne partie du spectacle en restant enfermé, car le cadre est la véritable vedette ici. Des excursions sont organisées pour tous ceux qui souhaiteraient aller explorer les parcs nationaux et les réserves naturelles des environs, à pied, à cheval, à vélo, en kayak, en canot ou même en hydravion.
La destination : Vallée de Santa Ynez, Californie
L’hôtel : Skyview Los Alamos
Il est vrai qu’en général, les hôtels des régions viticoles ont tendance à se montrer un peu peureux, un peu conservateurs, un peu… traditionnels. Mais on a observé, ces dernières années, une nouvelle impulsion. Car il ne suffit plus aujourd’hui de s’inspirer d’une propriété viticole bordelaise ou toscane, et d’en rester là. Comme la plupart des voyageurs, les amateurs de vin sont à la recherche d’hôtels qui sont autant le fruit de leur environnement que les raisins qu’ils produisent. À l’image de cette singulière récolte : le Skyview Los Alamos.
Il y a une vingtaine d’années, la prometteuse vallée de Santa Ynez, dans le comté de Santa Barbara, s’est révélée parmi les régions viticoles à suivre de près. Deux décennies plus tard, son extraordinaire croissance nécessite la présence d’un hôtel comme le Skyview, un motel des années 50 métamorphosé en hôtel boutique séduisant au luxe discret. La renaissance du motel est l’une des grandes réussites des hôtels boutiques, et celui-ci, avec ses matériaux de récupération et son charme bucolique, est chaleureux et nature, se fondant parfaitement dans son paysage viticole.
La destination : Quito, Équateur
L’hôtel : Hotel Carlota
Après avoir déplacé son aéroport dans une zone moins fréquentée à l’extérieur du centre-ville, Quito attend avec impatience l’ouverture imminente de son métro, appelé à désengorger la ville et à en faciliter l’exploration pour ses visiteurs. Voilà une raison supplémentaire de visiter la capitale équatorienne – en plus de ses nombreux trésors intemporels, de la vieille ville historique protégée par l’UNESCO aux majestueux sommets qui encadrent la ville en passant par ses charmantes places, parmi les plus belles d’Amérique latine.
À toutes ces raisons s’ajoute l’Hôtel Carlota. Situé dans la vieille ville, cet hôtel design fut autrefois la résidence d’un président équatorien, un cadre historique qui mêle le style d’une demeure traditionnelle à un design ultra tendance. Et ce n’est pas tout : il est certifié LEED, ce qui fait de lui un modèle pour tous les futurs hôteliers désireux de rejoindre l’effort écologique visant à transformer notre façon de voyager.
La destination : Kalkudah Beach, Sri Lanka
L’hôtel : Karpaha Sands
Le Sri Lanka n’a rien d’une destination inconnue. Si sa côte est est moins fréquentée que les centres touristiques de Galle et de Colombo au sud et à l’ouest, ses plages ne sont plus toutes des espaces vierges. À 25 minutes au nord de Kalkudah beach se trouve Passekudah beach, un « mini-Cancún » qui rend le Karpaha d’autant plus appréciable.
Car cet hôtel de luxe composé de tentes haut de gamme de type safari tire merveilleusement parti de ses vastes étendues solitaires. Le Karpaha se démarque autant par son caractère intimiste et reclus que par son atmosphère arty et ses suites coiffées de toiles de tente sophistiquées. Galle et Colombo sont certes remarquables en raison de la richesse de leurs sites culturels, mais Batticaloa, non loin de là, ne manque ni de forteresses ni de temples. Et pour une escapade régénérante les pieds dans le sable, vous ne trouverez pas mieux que la plage de Kalkudah.
La destination : Maastricht, Pays-Bas
L’hôtel : Hotel Monastère
Maastricht n’est plus un secret non plus. Cette ville universitaire bouillonnante située au sud-est des Pays-Bas respire l’histoire et la culture. Elle a même été choisie comme lieu de signature du traité fondateur de l’Union européenne en 1992. La ville hébergeait il y a encore quelques années l’un des hôtels les plus sensationnels au monde, le Kruisherenhotel. Cet établissement a bâti un modèle d’hôtellerie en osant faire entrer un design hypermoderne entre les murs d’un monastère du 15e siècle. Une innovation qui a ouvert la voie à d’autres, comme l’hôtel Monastère, qui a réalisé quelque chose de très similaire, bien qu’un peu moins cavalier, dans un monastère du 14e.
Ensemble, les deux hôtels nous prouvent que Maastricht a la ferme intention d’être prise au sérieux par les voyageurs d’aujourd’hui, et à juste titre. Deux mille ans d’histoire tapissent la ville : en plus des vestiges laissés par ses premiers occupants romains, elle dévoile un labyrinthe de tunnels et de caves souterrains à visiter, et plus de bâtiments appartenant au patrimoine national que n’importe quelle ville des Pays-Bas à l’exception d’Amsterdam. Et grâce à tous ses étudiants, la ville regorge d’adresses uniques et branchées pour se restaurer et se désaltérer.
La destination : Rockland, Maine
L’hôtel : 250 Main Hotel
La côte centrale du Maine se trouve dans notre viseur depuis des années, mais notre penchant pour le style boutique a jusqu’à présent trouvé davantage de prétendants à Camden. Le 250 Main Hotel fait entrer Rockland dans le giron. Cette ville est connue depuis longtemps pour sa scène artistique, avec son célèbre Farnsworth Art Museum, son Center for Maine Contemporary Art et ses multiples galeries indépendantes. Une fibre artistique que retranscrit brillamment l’hôtel avec sa collection d’oeuvres d’art et son mobilier moderne et élégant. Son emplacement sur le port rappelle l’autre attrait du Maine, à savoir l’océan.
On peut également partir explorer les îles voisines en empruntant un ferry, quoique ce ne sont pas les vagues qui manquent à Rockland. Pont entre les deux, le Project Puffin est un centre de conservation qui s’attache à faire revenir les oiseaux de mer dans le Maine. À l’opposé, la région est aussi connue pour son Maine Lobster Festival — sans doute les trois mots les plus séduisants de la Nouvelle-Angleterre. Mais alors que cette tradition entame sa 73e année, on loue également ici l’initiative d’un lieu comme le Primo, pour sa cuisine basée sur le concept “de la ferme à la table”, orchestrée par la chef Melissa Kelly, lauréate du prix James Beard.
Sans parler du Maine Coastal Islands National Wildlife Refuge. En résumé, il y a de quoi faire.
La destination : Serra da Estrela Mountains, Portugal
L’hôtel : Casa de Sao Lourenco
Après avoir vu le Portugal se transformer en quelques années en l’une des destinations de vacances les plus prisées au monde, on observe que même les zones les plus rurales font l’objet de cette déferlante touristique. Les montagnes de la Serra da Estrela, elles, ont laissé filer le train de la modernité, jusqu’à l’arrivée de leur premier hôtel boutique de luxe, la Casa de Sao Lourenco.
Ce qui ne veut pas dire que les montagnes de la Serra da Estrela, avec leurs vues imprenables, leurs lacs naturels, leurs pistes de ski (denrée rare au Portugal) et leur célèbre fromage (!) aient été maintenues secrètes pendant tout ce temps. La preuve avec la Casa de Sao Lourenco, qui est le fruit de la rénovation d’une ancienne pousada (petite auberge d’Etat) bâtie en 1949 et à laquelle est venue se greffer une structure ultramoderne remplie d’équipements modernes et d’oeuvres artistiques portugaises.
La destination : Himalaya, Inde
L’hôtel : The Kumaon
Nous avons déjà évoqué cette région de l’Himalaya, dont la splendeur défit la métaphysique. Le Kumaon a été édifié à deux pas d’un lieu appelé « Crank’s Ridge » ou « Hippie Hill », connu pour avoir attiré des poètes et des penseurs comme Allen Ginsberg, Bob Dylan, Timothy Leary et Swami Vivekananda. Le Kumaon propose bien sûr des excursions à Hippie Hill, mais il offre bien plus encore puisqu’il partage lui aussi l’histoire mystique de ce lieu. Le cadre est si beau que l’observation méditative en devient un réflexe.
Si les architectes sri-lankais du Kumaon — disciples du maître moderniste Geoffrey Bawa — s’étaient contentés de construire autour de cet écrin naturel, cela aurait suffi. Ils ont préféré à cela un scénario fusionnel : à travers l’utilisation de vastes baies vitrées tapissées du sol au plafond, de murs de pierre et de poutres de béton brut réchauffées par des revêtements en bambou et des planchers ils ont fait de ce lieu une oasis en suspension au-dessus du monde réel. Les suites se présentent elles-mêmes comme de superbes boîtes à bijoux modernistes, cadre idéal à votre propre expérience transcendantale.
La destination : Tepoztlán, Mexique
L’hôtel : Amomoxtli
Étant donné que la popularité de Mexico enfle d’année en année, il est normal de commencer à regarder en dehors de ses frontières, et en particulier vers Tepoztlan, une destination internationale à part entière située à seulement 80 km de la capitale. Si la ville est suffisamment proche pour s’y rendre sur la journée, son énergie débordante et ses multiples activités méritent un séjour prolongé. Connue comme lieu de naissance du dieu aztèque Quetzalcoatl, elle est chargée d’une atmosphère mystique, largement entretenue par son temple dédié au dieu aztèque du pulque, une ancienne boisson à base d’agave, et ses pratiques ancestrales comme le temazcal, un rituel de sudation qui remonte à l’ère précolombienne.
Paré de détails architecturaux faisant référence à l’histoire de la ville, l’Amomoxtli propose sa propre interprétation de cet environnement mystique. En plus des classiques bains temazcal, vous aurez l’occasion de goûter à toutes les déclinaisons du genre, du yoga aux cures traditionnelles énergisantes en passant par les cérémonies mystiques d’inspiration ancestrale, dont le « rituel de texture”, un massage à base de plumes, d’obsidienne et de bambou.
C’est le genre de programme bien-être que vous ne trouverez qu’à Tepoztlan, un lieu fascinant qui mérite sa place aux côtés des Tulum, Bali et autres destinations régénérantes.
La destination : Oria, Italie
L’hôtel : Masseria Palombara
La région des Pouilles, nichée dans le talon de la botte italienne, ne manque pas d’hôtels — ni de touristes. Mais cela ne devrait pas vous empêcher d’aller découvrir sa célèbre beauté ni de l’écarter de notre classement. Aussi friands sommes-nous des trésors dissimulés dans des contrées lointaines et reculées, notre rôle est aussi d’encourager la nouveauté dans les lieux les plus familiers. Car même dans des régions aussi populaires que l’Italie, il existe toujours des pépites qui attendent d’être révélées — comme la Masseria Palombara.
Encadrée par un paysage caractéristique des Pouilles composé de reliefs calcaires, d’amandiers et d’oliviers, la Masseria Palombara est merveilleusement recluse, tapie à quelques kilomètres au sud de la ville d’Oria, à mi-chemin environ entre Tarente et Brindisi. À première vue, il ne s’agit de rien de plus qu’un simple corps de ferme traditionnel en pierre. Mais en y regardant de plus près, on découvre un petit bijou de luxe réservé aux adultes. Les plages ne sont pas loin, mais on ne pourra pas vous reprocher de vouloir rester ici. En plus d’un restaurant qui concocte des plats traditionnels des Pouilles à partir d’ingrédients issus du jardin biologique de l’hôtel, vous aurez le choix entre cours de cuisine, dégustation d’huile d’olive, spa, salle de sport et piscine. Un programme sur mesure pour une expérience immersive rustique chic.
La destination : Vik, Islande
L’hôtel : UMI Hotel
L’Islande est une autre destination populaire. Mais le “problème”, c’est qu’il y a tant de choses à voir et à faire dans les alentours de Reykjavík que le reste de l’île se sent délaissé. Or, inutile d’aller bien loin pour trouver sur sa route quelques lieux extraordinaires : l’Eyjafjallajökull, le volcan qui a perturbé le trafic aérien européen il y a quelques années, se trouve à 160km de la capitale, sur la côte sud, et la ville de Vík est à seulement quelques minutes de là.
Si les hôtels islandais ont pendant longtemps négligé l’architecture et le design, cela est en train de changer. L’hôtel UMI est un petit bijou moderniste dont la structure basse évoque certains de nos hôtels patagoniens préférés. On pourrait croire qu’une réalisation aussi élégante ne peut être que l’affaire d’un grand groupe hôtelier. Et pourtant, l’UMI est une entreprise familiale : ses propriétaires, Siggi et Frida, ont employé leur fille Sandra comme décoratrice d’intérieur, et leur chien Breki à la réception.
La destination : Armenia, Colombie
L’hôtel : Bio Habitat Hotel
Ces dernières années, le Lonely Planet pointait du doigt le fait que la plupart des voyageurs « ne restaient à Arménie que le temps de changer de bus ». Il est vrai que le « Triangle du café » regorge de choses à voir et à faire : il y a les villes de Salento et de Filandia, charmantes et pittoresques avec leur architecture traditionnelle, les sites naturels, les forêts vierges et les rivières. On peut même y visiter un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO : la vallée de la Cocora, remarquable pour ses palmiers et sa vie sauvage.
L’une des raisons de séjourner au Bio Habitat c’est qu’il constitue le camp de base idéal pour aller explorer le reste de la région. Mais ce n’est pas le seul argument qui convaincra le voyageur en transit. En séjournant au coeur d’une forêt de 160 000 mètres carrés, vous serez entouré par tous les éléments que vous êtes venu admirer. Et en plus d’un style moderne et de vastes baies vitrées qui encadrent tous les logements, certains hébergements (appelés « habitats ») disposent de structures en verre surélevées cernées par la verdure, donnant le sentiment d’être un oiseau au coeur de la jungle.
Une plongée en pleine nature que peu d’hôtels au monde peuvent égaler. Et une raison plus que suffisante pour rester dans les parages.
La destination : Coupeville, Washington
L’hôtel : Captain Whidbey
L’île de Whidbey, posée à l’embouchure du détroit de Puget, est peut-être un brin moins spectaculaire que les îles San Juan, plus lointaines, mais la différence est minime. Et quand on sait que Whidbey, accessible par ferry, est également reliée par un pont, une réévaluation s’impose. Il suffit aussi parfois de l’arrivée d’un nouvel hôtel pour inverser la balance.
Le capitaine Whidbey n’est pas techniquement nouveau — l’auberge d’origine remonte à 1907. Mais ses nouveaux propriétaires, un couple de jeunes hôteliers familiers avec le concept d’hôtel boutique, ont offert à cette ancienne auberge charpentée un relooking subtil et efficace. Ils y ont également ajouté quatre nouvelles cabines, agrémentées en partenariat avec des marques branchées du Nord-Ouest comme Filson. Il en résulte un mariage réussi entre l’héritage d’un esprit maritime/forestier et un design moderne. Les habitants de Seattle préféreraient peut-être en garder le secret, mais celui-ci est trop beau pour ne pas être partagé.