Dissimulés dans l’ombre de destinations stars, les insoupçonnés sont des lieux peu connus éclipsés par la notoriété de leurs voisines. On se donne pour mission de vous faire découvrir ces pépites. Pour ouvrir cette série, direction Greenwich, la navigatrice. Et le Good Hotel, pour s’y amarrer.
Si tout le monde connaît le méridien, peu connaissent le lieu. Situé dans le sud-est de Londres, à une demi-heure de Westminster, ce quartier passe souvent à la trappe, concurrencé par les célébrités de la capitale. Pourtant, ce petit bout de terre au bord de la Tamise révèle un charme fou et une histoire maritime qui a marqué le monde.
Les mouettes filent au ras de l’eau. La brise s’amuse de nos cheveux. On flâne le long de la Tamise, se croyant au bord de l’océan. Pourtant, le quartier des affaires de la City n’est pas loin, et celui de Canary Wharf juste là. Sa skyline de verre et d’acier se dresse face à nous sur la rive opposée. Il suffit d’emprunter un tunnel sous-marin pour y accéder. La Tamise semble former une frontière entre deux mondes. D’un côté, le monde moderne des transactions financières, de l’autre, le monde d’hier du commerce maritime.
Entretenant la mémoire de ce riche passé, un gigantesque bateau à voiles se dresse tout à coup sur notre chemin. Avec sa coque noire luisante de plus de 60 mètres de long et ses trois mâts qui percent le ciel, le Cutty Sark ne manque pas son effet. Ce célèbre navire marchand du 19ème siècle, le plus rapide de son époque, a pourtant quitté les eaux depuis bien longtemps. A la retraite, il profite de jours paisibles face à la Tamise, après avoir parcouru le monde pour approvisionner les Anglais en thé de Chine et en laine australienne.
Le Cutty Sark fut l’un des nombreux navires à être passé par les eaux de la Tamise. Imaginez des quais en pleine effervescence envahis par les marchands et les bateaux en construction destinés à recevoir épices, tissus et autres richesses venues des Indes – les bateaux de la marine royale britannique étaient également fabriqués dans les environs. Cette zone maritime est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour le rôle central qu’elle a joué dans les activités navales. Une histoire superbement relatée au National Maritime Museum.
Un autre bateau, d’un autre genre, est venu plus récemment jeter l’ancre face à Greenwich : le Good Hotel. A deux pas de Canary Wharf, celui-ci offre un excellent point de chute pour découvrir Greenwich. Et il présente, de façon troublante, de nombreux points communs avec le quartier londonien. A commencer par son caractère maritime. L’hôtel a été bâti aux Pays-Bas et a traversé la mer du Nord pour venir s’établir sur la Tamise. Comme Greenwich, il pourrait faire figure d’outsider face aux établissements du centre de Londres. Il nous prouve lui aussi qu’il a toute sa place dans la capitale. Il suffit de sauter dans un bateau taxi, et profiter de la vue depuis la Tamise – plus attrayante que les couloirs du Tube – pour y accéder. Hôtel flottant, on s’y réveille, comme les matelots, avec vue sur l’eau. Un luxe que peu d’adresses londoniennes peuvent s’offrir.
Le centre-ville de Greenwich, semblable à celui d’un village de la campagne anglaise, a conservé son charme d’antan : rues pavées, maisons en briques, pubs et tavernes nous transportent dans le temps. En flânant dans ses rues sinueuses, on s’attend presque à croiser des matelots sur le départ et des négociants accoudés aux comptoirs. Si les étudiants de l’université de Greenwich, logée dans l’Old Royal Naval College, ont depuis remplacé les marins à la retraite, et les cafés branchés les hangars à bateaux, l’atmosphère demeure. On retrouve cette identité industrielle dans l’esthétique du Good Hotel. Murs dénudés, matériaux bruts et palette sombre donnent le ton. On s’immerge dans l’atmosphère du quartier qui s’étend face à nous. Mais contrairement aux croisières d’antan sur les bateaux marchands, le confort n’est pas réservé au capitaine.
Si tout le monde a déjà entendu parler de Greenwich c’est parce que ce quartier autrefois fréquenté par la royauté anglaise – le roi Henry VIII et la reine Elizabeth Ier y virent le jour – fut également un lieu d’innovation scientifique qui marque aujourd’hui encore notre quotidien, à chaque minute. L’observatoire royal de Greenwich a été fondé en 1675 dans le but d’améliorer la navigation. Ses découvertes en astronomie ont non seulement permis de grandes avancées dans ce domaine, mais aussi dans le calcul du temps. En établissant Greenwich comme premier méridien, il devint alors possible de calculer l’heure partout dans le monde. La ligne du premier méridien traverse l’observatoire, il n’y a donc qu’un pas à faire pour passer d’un hémisphère à l’autre. Mais il serait dommage de s’arrêter là : l’observatoire a été érigé sur les hauteurs du parc de Greenwich, un ancien domaine de chasse qui offre une vue imprenable sur Londres. Voilà un autre point commun avec le Good Hotel : grâce à son rooftop perché au-dessus de l’eau, il surplombe la Tamise et les quartiers alentour, et vous invite à élargir votre horizon. Bon vent!