Film, brunch, expo, balade, hôtel, nos plus belles découvertes nous sont souvent soufflées à l’oreille. Il en va de même pour les voyages. A la terrasse d’un café, on est transporté par le récit d’un ou d’une amie tout juste rentré de vadrouille. Il suffit de quelques photos à l’appui et on se retrouve, le soir même, à réserver nos billets. Cette année, c’est à Minorque, racontée par Charlotte, que l’on rêve de poser ses valises.
“Authentique, originale, paradisiaque.” Ce sont les trois mots que mon amie Charlotte choisirait pour qualifier Minorque. A peine rentrée de son séjour, il lui suffit de quelques minutes pour me convaincre d’inscrire la plus discrète des Baléares en tête de liste de mes prochains voyages. “On ne peut pas se tromper en choisissant Minorque. Les plages sont magnifiques. Il y a beaucoup de petites criques aux eaux cristallines, on se croirait aux Caraïbes. Et l’île est très préservée, ajoute-t-elle. Ce n’est pas la folie du tourisme comme à Ibiza ou à Majorque, qui est plus bétonnée. Minorque est très bien protégée : le nombre de personnes est limité dans les criques. La plupart ne sont accessibles qu’à pied. Et dès que le parking est plein, on ne peut plus y accéder.”
En 1993, l’ensemble de l’île a été classé réserve de biosphère par l’UNESCO, la protégeant ainsi du développement du tourisme de masse. Quelques décennies avant cela, Minorque avait déjà été préservée des investissements financiers consacrés par Franco au tourisme des Baléares. L’île avait été le dernier bastion républicain à résister au dictateur pendant la guerre d’Espagne. Une fois au pouvoir, celui-ci s’est assuré de le faire payer à ses habitants. En 2019, Minorque devient également la plus grande réserve de biosphère marine de la Méditerranée. Merveilles terrestres, maritimes, mais aussi célestes. Grâce à la qualité de sa visibilité nocturne, l’île a été désignée Destination Touristique et Réserve Starlight par l’UNESCO. Aujourd’hui, ses habitants continuent à œuvrer pour sa protection et une gestion durable de son tourisme.
La deuxième île de l’archipel compte pas moins de 75 plages et criques, plus qu’Ibiza et Majorque réunies. “Les paysages sont très variés, explique Charlotte. Il y a ces petites criques méditerranéennes dans le sud. Tandis qu’au Nord, le paysage est presque volcanique, très différent du reste de l’île. Après avoir marché pendant une demi-heure, j’y ai découvert une crique de sable rose. Et non loin de là, il y a un très joli village, Cala Morell, aménagé autour d’une grande crique de roche rouge. Je n’avais jamais vu cela. C’est le paysage qui m’a le plus marqué. Il y a aussi des grottes extraordinaires. Je me souviens avoir mangé une délicieuse paella dans un restaurant en hauteur, aménagé dans la roche, avec une vue magnifique sur la mer.” Parmi ces adresses sculptées dans le calcaire, le Cova d’en Xoroi est sans doute l’un des établissements les plus spectaculaires qui soient. Creusé tel un nid d’aigle dans la falaise, on y sirote un verre à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, perché au-dessus de la mer.
Plages de sable blanc et roches rouges, lagons translucides, falaises immaculées, criques sauvages et forêts de pins, l’île regorge de splendeurs naturelles. Mais aussi architecturales. Elle renferme une concentration de monuments préhistoriques uniques au monde – près de 1 600 sites mégalithiques, égrainés à travers son relief. Des constructions en pierre qui remonteraient pour certaines jusqu’à deux mille ans avant Jésus-Christ. Les multiples occupants de Minorque, parmi eux les Maures, les Français et les Britanniques, ont également contribué, au fil des siècles, à façonner son identité. “Ce qui m’a le plus surpris, c’était de découvrir une atmosphère que je n’avais jamais connue : un mélange unique d’ambiances, de paysages et d’architectures méditerranéens, raconte Charlotte. Ce n’est pas tout à fait l’Espagne. Ce n’est pas tout à fait le Maghreb non plus. Certains coins évoquent la Grèce. C’est comme découvrir un nouveau pays. Il y a deux petites villes aux extrémités est et ouest de l’île. Leurs architectures sont différentes. Mahón a conservé des traces de l’influence britannique avec ses bow-windows. Toutes deux restent authentiques, habitées par les locaux.”
Agriculture, pêche et artisanat ont longtemps été les activités principales de l’île. Et, celle-ci n’a rien perdu de son charme agraire. Elle est même devenue une destination de choix pour l’agrotourisme. De nombreuses fermes, fincas, ont été converties en hôtels. Silhouettes douces, façades immaculées, champs à perte de vue. Une façon de conserver l’âme de l’île et de prôner un tourisme écoresponsable. Les piscines et tables gastronomiques remplacent aujourd’hui les troupeaux de chèvres, mais pour le reste, rien n’a changé.
Pour explorer ce coin de paradis, Charlotte recommande une dizaine de jours. “Mais on pourrait très bien y rester trois semaines si on aime prendre son temps, profiter de la plage et faire de belles randonnées. C’est une destination paisible, familiale. Il y a même un chemin qui fait tout le tour de l’île.” Ce sentier, qui daterait du 14e siècle, baptisé Camí de Cavalls ou GR223, relie presque toutes les plages de Minorque. Prévoyez une bonne paire de baskets, car il vous faudra environ une semaine pour parcourir ses quelque 200 km.
Hôtels
Si vous avez, vous aussi, été conquis par le récit de Charlotte, cette sélection de nos hôtels favoris sur l’île devrait vous être utile :