Ambassadrices de la beauté australienne. Vedettes des guides de voyage. Ces îles situées au large du Queensland ont tout pour elles : la Grande Barrière de corail pour jardin, l’un des sables les plus fins au monde, une carrière hollywoodienne et une nature luxuriante laissée intacte.
Assis devant notre écran d’ordinateur, les pupilles fatiguées, on finit tous, à un moment de la semaine ou de la journée, par se laisser glisser contre le dossier de notre chaise et par fermer les yeux pour s’évader un moment. Sable immaculé, eaux translucides, calme absolu. On est nombreux à partager le même lieu d’évasion. Un paradis terrestre, fruit de notre imagination. Pourtant, ce lieu existe vraiment. Et il porte le nom de Whitehaven Beach.
Après en avoir longtemps rêvé, j’ai décidé de rendre cette vision réalité. Mon billet d’avion en poche, je m’envole pour le Queensland, dans le nord-est de l’Australie. En préparant mon escapade, je retrouve cette vision du paradis terrestre, incarnation de la beauté absolue, imprimée sur papier glacé dans tous les guides de voyage. Arme de vente massive, elle est le symbole du rêve australien, d’une nature vierge, d’un ailleurs inaccessible.
Le problème avec ce genre de paysages, c’est qu’à force de les voir avant même de les avoir vus, on finit souvent par être déçu. Les photos retouchées renvoient la nature à ses imperfections. Je m’étais donc préparée : dénaturée, polluée ou ultra-touristique, je ménageais mes attentes en imaginant le pire. Arrivé sur place, il suffit de grimper quelques minutes à travers la végétation pour accéder au plus beau point de vue. C’est au détour d’un virage, sans crier gare, que le banc de sable le plus connu au monde se dévoile. Je le vois alors, véritablement, pour la première fois. Le spectacle dépasse mes espérances. Je reste scotchée là, les yeux rivés sur cette incandescence de blanc et de bleu. C’est une danse sensuelle entre l’eau et le sable. Un raz de marée turquoise dans un écrin émeraude. De cette vision divine, j’ai du mal à détacher mon regard. Je reste de longues minutes à suivre chaque mouvement de sable, chaque variation de couleur. J’en imprime chaque centimètre carré dans ma mémoire, pour mes prochaines évasions.
Il existe peu de lieux qui résistent aux filtres des logiciels photo et des réseaux sociaux. Des lieux à la beauté insaisissable. Des lieux chargés d’une énergie qui ne peut être retranscrite. C’est ce qui constitue l’essence même du voyage. Traverser la planète pour ne pas seulement voir de ses propres yeux, mais faire l’expérience d’un lieu. En ressentir l’émotion, la magie. Tout ce qui ne peut être retranscrit.
Paillettes et légendes
Ce blanc immaculé, la plage de Whitehaven le doit à la pureté de son sable. Ses sept kilomètres de poudre sont composés à 98% de silice. Ce qui en fait l’un des sables les plus purs au monde. Une préciosité qui aurait attiré la convoitise. Selon les habitants des environs, la NASA serait venue en prélever quelques échantillons qui auraient servi à la fabrication du Télescope Hubble dans les années 70. L’agence n’a jamais confirmé ni démenti l’information.
Les autres histoires qui se racontent autour de cette plage relèvent davantage de la presse people que des sciences spatiales. Mais après le récent déballage médiatique dont il a fait l’objet, on se passera de relayer les potins que Johnny Depp a laissés dans son sillage après sa venue pour le tournage du dernier volet de la saga Pirates des Caraïbes. Ce qui est sûr, c’est que Whitehaven Beach a connu son moment de gloire sur grand écran et les sommes astronomiques déboursées pour sa privatisation font encore jaser.
Si Whitehaven Beach est le joyau des Whitsundays, cette collection de 74 îles, baptisée par le capitaine Cook en 1770 et conquise par les Anglais sur la tribu Ngaro un siècle plus tard, a beaucoup d’autres trésors en réserve. Situées au large du Queensland, elles sont bordées par la Grande Barrière de corail. Une localisation qui leur confère un terrain de jeu maritime unique. Quant à leur relief majestueux, elles le doivent à une action volcanique datant de quelques millions d’années. La plupart des îles sont inhabitées, protégées par des parcs nationaux. Seules sept d’entre elles ont été aménagées pour le tourisme. Il est donc possible d’y séjourner – et comme un roi – mais pour le reste, la nature conserve ses droits. C’est ce qui rend cet archipel merveilleusement sauvage et préservé.
Le meilleur moyen de saisir pleinement la magie de cet archipel est de le parcourir à bord d’un voilier. Sur la mer de Corail, protégée des vents par la Grande Barrière, on se laisse glisser entre ces terres ensevelies sous la forêt tropicale, bordées de criques, de récifs coralliens et de plages sauvages. On jette l’ancre ici et là pour parcourir un banc de sable, emprunter un sentier ou admirer la vie marine. Non loin de là, la nature nous dévoile une autre de ses mystérieuses créations : le cœur de la Grande Barrière de corail apparaît de la façon la plus figurée qui soit sous la forme d’un cœur sculpté dans le corail. On peut l’admirer du ciel en empruntant un petit avion.
Qualia
Se montrer à la hauteur de la beauté de son environnement n’est pas une mince affaire quand on habite les Whitsundays. À en juger par sa réputation, Qualia a réussi son pari. Situé sur Hamilton island, l’une des îles les plus prisées, l’hôtel est devenu l’adresse de prédilection des célébrités de passage dans la région. Leonardo DiCaprio, Oprah Winfrey ou encore Orlando Bloom, elles ont toutes été séduites par ses villas contemporaines au luxe raffiné. Depuis son lit, sa baignoire, sa piscine privée ou la table du petit-déjeuner, le regard porte inlassablement sur l’horizon bleu et ses îles verdoyantes. La star, c’est le cadre. En optant pour un design en bois discret et élégant, l’hôtel parvient à s’effacer à son profit, tout en offrant un niveau de confort inégalable. C’est ce qui distingue les grands hôtels de luxe.