Nouveau Départ

Beaucoup de gens rêvent de tout plaquer pour recommencer leur vie ailleurs. Rebecca Schönheit l’a fait. Elle a troqué sa carrière de juriste et le confort de sa vie berlinoise contre une petite île de la mer des Wadden. C’est là-bas qu’elle et son mari ont décidé de commencer une nouvelle vie en tant que directeurs d’hôtel – avec le rêve de faire de leur établissement un hôtel digne de Tablet.

Rebecca nous raconte les prémices de son histoire, et nous sommes impatients de connaître la suite.
 

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Mon mari et moi avons l’habitude de passer les vacances d’hiver chez nous, avec nos familles. Mais l’année dernière, nous sommes partis en voyage : Madrid, Tenerife et Marrakech. Nous nous sommes fiancés pendant notre séjour, et c’est pleins d’enthousiasme quant à l’avenir que nous sommes rentrés chez nous. Mais nous étions aussi remplis d’interrogations. Est-ce que nous voulions vraiment passer notre vie à Berlin? Est-ce que nos emplois nous plaisaient toujours? N’y avait-il pas autre chose pour nous ailleurs? Un autre endroit, un autre emploi, une autre vie pour nous challenger.

Ce questionnement n’était pas nouveau – la plupart des gens se posent les mêmes questions – mais c’est pendant ces vacances que nous avons trouvé le courage d’y répondre. Nous avons donc candidaté tous les deux pour un poste de directeur d’hôtel sur une île de la Frise-Orientale, et pour des raisons que nous ignorons toujours, nous avons obtenu le poste.

La réponse est arrivée en janvier. Le départ prévu pour juillet.

Entre-temps, nous nous sommes mariés et, comme le reste du monde, nous avons été confrontés à la pandémie. L’industrie du tourisme étant touchée de plein fouet par la crise, nous nous sommes même demandé si nous allions pouvoir poursuivre notre projet. Mais après des mois d’inquiétude et des échanges téléphoniques hebdomadaires avec notre nouvel employeur, il s’est avéré que nous allions pouvoir commencer comme prévu.

Beach
La plage principale sur l’île de Langeoog.

D’un côté, nous étions soulagés. De l’autre, nous avons commencé à réaliser ce que cela signifiait concrètement. Nous allions quitter Berlin, la capitale, pour un village d’une petite île de la mer des Wadden. Quitter le salaire confortable et la sécurité de nos emplois pour quelque chose de complètement nouveau, et dont, honnêtement, nous ne connaissions pas grand-chose. Quitter nos amis et nos familles pour nous retrouver face à nous-mêmes.
 

Langeoog

Population: 2,000 habitants
Trucks
L’arrivée en ferry sur l’île de Langeoog avec toutes nos affaires.

Si vous n’êtes pas allemand, une petite explication s’impose : Langeoog est l’une des îles de la Frise-Orientale situées au nord-ouest de l’Allemagne. Sa superficie est d’environ 20 kilomètres carrés pour 2 000 habitants. Une partie de l’île, et de la mer des Wadden qui l’entoure, appartient au parc national de la mer des Wadden de Basse-Saxe. Or, il y a quelques éléments à prendre en compte quand on veut emménager ici. Comme le fait que les voitures ne sont pas autorisées sur Langeoog. Les seuls moyens de locomotion sont les véhicules électriques, les vélos et les voitures à cheval. Et pour se rendre sur l’île, une seule option : le ferry (ou, pour les plus privilégiés, le bateau ou l’avion privé). Il ne suffit donc pas de charger un camion de déménagement et de s’y installer.

Nous avons alors utilisé des remorques, que nous avons chargées à Berlin puis transportées par ferry. Pour nos affaires les plus volumineuses (faire ses courses sur l’île est une autre histoire), nous avons dû créer un compte de fret afin d’obtenir l’autorisation officielle de les apporter sur l’île. Une fois sur place, tout a été emmené jusqu’à chez nous à l’aide de véhicules électriques, plus petits et plus lents que les voitures classiques, mais qui ont très bien fait l’affaire.

Au final, cela en valait vraiment la peine. Langeoog a ses avantages. Contrairement à d’autres îles de la mer des Wadden, le ferry pour Langeoog ne dépend pas des marées. On peut donc quitter l’île et y retourner plusieurs fois par jour, un facteur non négligeable quand on vient de Berlin, où l’on va où l’on veut quand on veut. On garde une part de cette liberté à Langeoog – tout en profitant de la plage, de l’air frais, et même d’une petite forêt (que nous venons de découvrir lors de notre exploration de l’île). On peut aussi aller nager, faire de la voile, du cerf-volant et jouer au golf. Ou simplement arpenter l’île à pied ou à vélo. La journée, on y mange des glaces et des crêpes, et le soir, on a le choix entre différents pubs et restaurants.

Home and Rebecca

Hotel
Ci-dessus, notre nouvelle maison, et moi, parée pour affronter la météo. Ci-dessous, l’hôtel Bethanien.

Si vous n’arrivez pas à vous relaxer ici, c’est que vous êtes sans doute une cause perdue… ou que vous venez tout juste d’accepter un poste de directeur d’hôtel. La semaine dernière, nous avons travaillé tous les jours, du matin au soir, trouvant à peine le temps d’aller à la plage. Heureusement pour nous, le temps n’était pas terrible, c’était donc plus facile de travailler et de rester loin du bord de mer. Inutile de dire qu’il s’agit d’une période mouvementée : un nouvel emploi, un nouveau chez-soi, un déménagement. C’est un défi, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi épanouie dans mon travail.

L’établissement s’appelle l’Hotel Bethanien, et bien que son standing ne soit pas encore tout à fait celui d’un hôtel Tablet, c’est un objectif ambitieux qui nous motive. Et ce n’est pas la motivation qui manque au sein de notre formidable équipe, qui a dû faire face aux moments les plus critiques de la pandémie et qui accueille à nouveau les clients avec les mêmes plaisir et enthousiasme. Nous avons emménagé dans notre appartement, situé dans une maison avoisinant l’hôtel et, pour la première fois de notre vie, nous avons un jardin. Pour la première fois de notre vie, la plage n’est qu’à cinq minutes de chez nous.

Forest
La forêt que nous avons découverte sur Langeoog.

Un nouvel emploi dans un nouvel endroit : recommencer à zéro offre un sentiment de libération. Je suis toutefois reconnaissante de la stabilité que me procure mon mari. Nous savons qu’aucun de nous n’aurait osé se lancer seul dans cette aventure – et nous sommes très heureux d’être ici ensemble. Nous avons franchi le pas et nous sommes impatients des semaines et mois à venir. Impatients du retour croissant des clients et du déclin de l’épidémie, mais aussi de vivre dans notre nouvelle maison et de profiter de la vie sur une île.

Nous sommes si excités. Quelle vie!
 
 

Rebecca Schönheit est la rédactrice allemande de Tablet Hotels, elle a notamment écrit sur l’organisation quelque peu chaotique d’un mariage en pleine épidémie. Ne manquez pas les prochains épisodes de son aventure hôtelière sur l’île de Langeoog.