Un Secret Connu de Tous

D’îlot discret de la contre-culture, Tulum est devenue l’une des destinations les plus touristiques au monde. Une transformation spectaculaire qui interroge : comment s’est-elle amorcée et quelles en sont les conséquences?

Vous découvrirez bientôt notre sélection des nouvelles destinations en vogue — exactement ce que Tulum était à ses débuts. Un statut sur lequel la ville côtière mexicaine a vite misé, mais ce qui la rendait si spéciale dans les années 2000 est plus difficilement perceptible en 2020.

Ce qui ne veut pas dire que Tulum n’est plus un endroit merveilleux pour y passer ses vacances. La Riviera Maya, région qui borde les Caraïbes au sud de Cancún, est spectaculaire, et son développement au cours des vingt dernières années la dotée d’une superbe collection d’hôtels et de restaurants exceptionnels. L’époque à laquelle Tulum était encore un refuge rustique pour hippies et routards semble révolue, mais puisque les séjours « à la roots » ne sont pas pour tout le monde, tout le monde ne s’en plaint pas.

Pourtant, quelque chose d’unique a disparu.

Et Tulum n’est pas la seule dans ce cas. D’autres minuscules villes dans le monde sont devenues, comme elle, de véritables nids touristiques. Mais comment ce phénomène s’amorce-t-il? À quoi renonce-t-on au nom du progrès?

Et pourquoi faut-il s’en soucier?

11th-century Mayan ruins
Les ruines mayas de Tulum datent du 11e siècle.

Au commencement

Tout a commencé dans les années 1970, quand le gouvernement mexicain s’est emparé de « terres principalement désertes » pour en faire un lieu de villégiature politiquement ordonné. C’est ainsi qu’est né Cancún, fruit de la volonté de créer, de bout en bout, une destination dédiée au tourisme de masse — et au vu du nombre de visiteurs, ce fut un succès fulgurant.

Depuis, le tourisme n’a cessé de s’étendre vers le sud. Après le succès de Cancún, suivi par celui de Playa del Carmen, ce n’était qu’une question de temps avant que cette vague de popularité ne déferle sur Tulum — sa jungle magnifique, encadrée d’un côté par l’océan, de l’autre par des ruines mayas datant du 11e siècle, ne pouvait rester secrète bien longtemps. Un article de The Cut intitulé « Comment Tulum est devenue le Williamsburg du Mexique” décrit les étapes qui ont conduit à l’apparition de Tulum sur la carte touristique. La création d’une autoroute reliant Cancún à Tulum en est une. Renommer le « Corridor Cancún-Tulum » par « Riviera Maya » en 1999 en est une autre.

Illustrant ce qu’un chercheur a qualifié d’ »ère du tourisme » mexicain, une étude a recensé la croissance de la population de Tulum : celle-ci est passée de 92 personnes en 1960 à 2 000 en 1990, avant d’atteindre les 12 000 habitants en 2000. La vague s’est transformée en tsunami.

Les nostalgiques des années 90 se souviendront de l’esprit de communauté qui régnait parmi les visiteurs de la première heure. En lisant sur la Tulum de l’époque, on retrouve des expressions comme « paradis de la contre-culture » ou « atmosphère quasi mystique,” qui décrivent un lieu attirant les âmes spirituelles inspirées par le paysage pittoresque et les ruines mayas.

À la fin du siècle dernier, des pratiques comme la méditation et le yoga, l’absence d’électricité et un certain isolement faisaient tout l’attrait de Tulum. Et non pas une quelconque scène festive. C’est avec l’apparition de célébrités et de photographes en vogue repérés sur ses plages que Tulum acquit le statut de « joyau secret » — les invitations aux touristes du monde entier furent lancées. La transformation a été si soudaine qu’en 2004, le New York Times regrettait déjà une « invasion commerciale » qui entachait la scène touristique.

Le secret n’en était plus un. En 2018, la population avait déjà atteint les 40 000 habitants, et près de 2,5 millions de visiteurs déferlaient chaque année.

Papaya Playa Project
Papaya Playa Project

Le Papaya Playa Project

Avant l’essor du tourisme, avant ses premiers Starbucks, Tulum se caractérisait par sa simplicité. À cette époque, elle représentait l’évasion rêvée, un bord de mer isolé idéal pour se déconnecter, et le Papaya Playa was the perfect hotel from which to experience it. Actually, it wasn’t really a hotel, and it didn’t really have amenities, or even electricity. But it did have jungles and beaches and campfires and cenotes and, most importantly, guests.

C’était un paradis, un paradis avec une salle de bains commune et une lampe de poche pour vous aider à le retrouver la nuit.

« C’était comme faire du camping », se souvient une adepte du Papaya, Sandra Beltran, directrice marketing des hôtels Hamak. « Mais l’emplacement était exceptionnel. »

L’hôtel n’était rien de plus qu’une poignée de cabanes sur la plage, et pour ses premiers visiteurs, c’était tout ce dont ils avaient besoin. Aujourd’hui, ce genre de séjour dépouillé serait impensable pour un touriste de Tulum, ou pour un client du Papaya Playa. L’hôtel s’est développé en même temps que son environnement et, ce faisant, il a été confronté à une question de taille, une question qui concerne tous les trésors dévoilés à travers le monde : comment se développer sans pour autant renoncer à ce qui vous rend unique?

Pour Emilio Heredia, le fondateur du Papaya Playa, trouver un moyen d’évoluer avec la popularité de Tulum — sans néanmoins perdre le caractère singulier de sa propriété — était un véritable défi, mais un défi passionnant. « Nous tirons notre inspiration de l’amour de la nature », nous a-t-il dit. « Une simple interaction avec la jungle et la mer. »

Ancien dirigeant financier qui se passionne aussi bien pour le yoga que pour le Tao, Heredia était l’hôtelier idéal, prêt à préserver l’atmosphère mystique et régénératrice de Tulum, alors même que le flux touristique s’intensifiait et que le surdéveloppement menaçait de changer la donne.

Casa Arbol
Une cabane moderne.
Casa
Des images du Papaya Playa Project d’aujourd’hui.

En 2011, Heredia s’est associé au groupe Design Hotels, ajoutant l’appellation « Project » au Papaya Playa Project. Ensemble, ils ont travaillé à développer l’hôtel de façon à ce qu’il reste fidèle à sa philosophie d’une coexistence pacifique avec la nature, tout en tenant compte des goûts plus élaborés du nouveau paysage de Tulum.

En 2020, les cabanes sont toujours là — elles conservent l’esprit des toutes premières. Nichées dans un coin de la propriété, elles sont désormais équipées de salles de bains et de la climatisation. On trouve à côté les casitas, des chambres plus grandes, disposant pour certaines de plusieurs étages et d’une piscine. Et l’option la plus luxueuse : les casas, sept maisons tout équipées au design le plus élaboré. Parmi elles, se distinguent certains spécimens comme la Casa Arbol, une maison de cinq pièces perchée dans les arbres, épousant la forme d’un bulbe, et assiégée de toute part par la jungle.

« L’hôtel a évolué », explique Beltran. « Mais on n’a jamais fait de plan d’ensemble. »

Avec des constructions qui zigzaguent à travers la jungle, cette impression de désordre est le résultat de structures et de passages flottants arrangés en fonction du relief naturel – plutôt que de le raser.

L’architecture du Papaya Playa est intimement liée à son environnement et « adopte les techniques de construction traditionnelles mayas » à travers l’utilisation de chukum, qui est à la fois un matériau et une technique, utilisé depuis des centaines d’années afin de conserver la fraîcheur à l’intérieur des bâtiments. Les tapis, les paniers des chambres et même les portes-shampoing sont fabriqués localement.

Emilio Heredia
Emilio Heredia, le créateur du Papaya Playa Project.
Casa Arbol
Casa Arbol
Casa Arbol
Les logements de deuxième catégorie, les casitas, sont parfois couronnés de piscines en terrasses.

En quête de sens

Les efforts entrepris par Heredia pour faire évoluer le Papaya Playa conformément à ses principes le distinguent de certains développements moins réfléchis de Tulum, notamment des architectures anachroniques, des chaînes de restaurants et de magasins dénués de caractère, et d’autres logements qui, contrairement au Papaya, pourraient exister partout ailleurs.

L’impact fut également culturel. Tout ce que représentait Tulum pour ses premiers visiteurs s’est transformé sous la pression touristique, ses anciennes traditions ont été déformées pour être adaptées à un public de masse. « La spiritualité s’est transformée en caractère festif », regrettait un habitant désabusé de Tulum à The Cut dans un autre article (intitulé « Qui a tué Tulum ? ») qui déplorait le glissement de la ville vers un tourisme de masse, façon Ibiza. « Le DJ chamanique et compagnie. » L’âme de Tulum, son isolement, son caractère rustique et sa spiritualité étaient alors balayés par de nouvelles constructions et une parodie spirituelle.

Lui-même réputé pour ses fêtes aux thèmes mystiques, Le Papaya Playa est confronté au même problème, et cherche à le résoudre. Sans pour autant renoncer à ses fêtes de la pleine lune et du Nouvel An, populaires parmi ses visiteurs, il invite désormais des artistes en résidence, organise des promenades artistiques sur son domaine et travaille à un projet de plus grande envergure : un marché artisanal au sein même de sa propriété.

En mettant l’accent sur la vie artistique et la communauté locales, il parviendra peut-être à retrouver l’atmosphère originelle de Tulum. Au moins entre ses murs.

Artist in residency Simón Vega
Oeuvre signée Simón Vega, un artiste résident du Papaya Playa Project.

Pourquoi faut-il s’en soucier?

Tout le monde n’est pas friand de treks dans la jungle ni de nuits à camper sur la plage. Tout le monde n’aime pas le yoga et la méditation. Pour ceux-là, la transition de Tulum d’un havre spirituel à une sorte de Cancún moins irritable est bien accueillie. Il est vrai que de fantastiques hôtels boutiques ont éclos ces dernières années à travers la région. Tulum est tout simplement différente aujourd’hui. Mais à quel prix?

Les premières vagues touristiques ont, elles aussi, contribué à transformer Tulum de façon irrévocable, en créant des opportunités économiques mais aussi en entrainant des bouleversements sociaux. Dans l’étude citée ci-dessus, l’anthropologue Ana M. Juarez explique exactement quels sont ceux qui se sont installés à Tulum pour tirer profit de ce développement : les « étrangers » qui « ont accéléré l’expropriation des terres et des ressources naturelles mayas », dont le nombre a rapidement dépassé celui de la population locale et qui dominent tous les secteurs de la société.

Si la dilution culturelle et spirituelle de Tulum vous semble trop nébuleuse, soyez sûr que le tourisme de masse a également engendré des problèmes environnementaux bien concrets.

Des hôtels comme le Papaya Playa ont mis en place des mesures en matière de développement durable afin de réduire leurs émissions de carbone, recycler l’eau, protéger les tortues et préserver de vastes pans de la jungle. Mais comme dans presque tous les lieux impactés par une explosion touristique ou démographique, l’absence de réglementation gouvernementale a des conséquences sur l’environnement. La contamination de l’eau, le débordement des décharges, la déforestation et la disparition des récifs coralliens restent problématiques.

Fin 2018, le gouvernement a réagi en déclarant Tulum « première zone de tourisme durable du Mexique » et en préparant le terrain pour des « réglementations plus strictes en matière de construction » et un soutien financier en faveur de programmes écologiques. Cela suffira-t-il? Quoi qu’il en soit, les militants continuent à se battre pour obtenir davantage de mesures et une plus grande implication, tandis que le boom touristique se poursuit. »

En attendant, le nouveau secret du Mexique vient d’être révélé. Bacalar, avec son « lac aux sept couleurs », son patrimoine maya et sa beauté Instagram est déjà surnommé « le nouveau Tulum ».

Il serait sage de tirer quelques leçons de son prédécesseur.

 

Tulum

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