La Patagonie est la star incontestée du Chili ; mais avec ses paysages fascinants, son histoire et ses excellents hôtels, le désert d’Atacama commence à se faire un nom.
Quand on quitte l’aéroport de Calama, dans le nord du Chili, les premiers kilomètres de route sont bordés de détritus. Que lastima, a marmonné mon chauffeur lorsque je l’ai interrogé à ce sujet, dans un espagnol approximatif. Quel dommage. Mais alors que nous poursuivions notre route, une ligne droite interminable avec, pour seul paysage, du sable, quelques buissons du désert, et les Andes qui se profilaient à l’horizon, la basura a disparu et cédé la place à une demi-douzaine de monuments commémoratifs en bord de la route, des croix et des autels en bois abandonnés au milieu du désert.
Dans l’immense désert d’Atacama, depuis toujours la tradition veut que l’on marque le lieu de repos des défunts. Une tradition qui, pendant des décennies, s’est traduite par des monuments funéraires improvisés, lorsqu’un mineur perdait la vie en extrayant ce qui fournissait à une époque plus de 65 % des revenus au gouvernement : le nitrate de sodium extrait de la terre gorgée de sel. En 1879, une guerre opposant d’un côté le Chili, et de l’autre la Bolivie et le Pérou, a défini les frontières actuelles en faveur du Chili, privant la Bolivie de son seul accès à la mer.
Le désert d’Atacama n’a pas toujours été une destination touristique. Pendant des siècles, il a constitué la base de l’industrie nationale. Et c’est peut-être pour cela que je me suis retrouvé ici presque par erreur. J’avais réservé mon voyage aller-retour depuis la capitale de Santiago, pensant visiter la célèbre Patagonie. Mais mon temps étant limité, j’ai opté pour l’Atacama, plus accessible, et que je ne connaissais alors que par la réputation de ses meilleurs hôtels, en particulier le Tierra Atacama et l’Explora Atacama.
Au quatrième jour de mon voyage, j’avais déjà traversé à l’aube les brumes blanches et fantomatiques des geysers au sommet des montagnes. J’ai marché le long des eaux vives d’une petite rivière aux rives recouvertes de part et d’autre d’une végétation luxuriante et de cactus à taille humaine. J’ai même barboté dans une source thermale bouillonnante à flanc de montagne. Et dire que j’ai failli passer à côté d’une telle richesse.
Lors de notre excursion matinale, je me suis approché de notre guide, qui a alors tendu ses jumelles à un autre participant, désignant un abri sous-roche inca sur un plateau en contrebas, et est passé à l’anglais pour le seul Américain du groupe. Ses cheveux noirs coiffés d’un bandana, Chris, un Bolivien, nous guidait avec toute l’assurance d’un expert local. Je lui ai demandé son avis : pourquoi la Patagonie attirait-elle toute l’attention de l’Amérique du Nord, alors que l’Atacama était presque inconnu ?
« Peut-être que, lorsqu’ils entendent le mot « désert », les gens pensent à un paysage de sable plat ponctué seulement de quelques cactus », a-t-il répondu, avec le même ton sérieux que lorsqu’il nous avait montré les géoglyphes séculaires gravés dans la roche. «Ils n’imaginent pas ça.»
À ce moment-là, nous nous trouvions dans un paysage désertique qui aurait pu sortir tout droit de Lawrence d’Arabie, mais je comprenais ce qu’il voulait dire. Le surnom informel de l’Atacama, « le désert le plus sec au monde », n’est pas tout à fait exact. Ici, il ne pleut presque jamais, mais des rivières descendent des Andes, au-dessus comme en-dessous des sables. On y trouve des paysages de désert typiques, mais aussi des milliers d’autres, dont beaucoup sont historiques, vivants, et même humides.
Visiter l’Atacama, c’est comme visiter une douzaine de parcs nationaux différents, avec une géologie variable qui rappelle aussi bien le parc national de Yellowstone que celui des Rocheuses.
Le sel y est si abondant qu’il parsème le désert de dépôts d’un blanc étincelant. Mais l’exploitation des nitrates a pratiquement disparu. Le tourisme s’est empressé de combler une partie du vide, et si sa réputation n’a pas encore atteint les États-Unis, elle s’est clairement imposée au Brésil, tout proche. L’Atacama est immense, mais son tourisme se concentre principalement sur le petit havre de paix pour backpackers de San Pedro de Atacama. Ici, les guides le surnomment le « São Paulo d’Atacama ».
L’écotourisme a merveilleusement rempli mes journées, avec bien souvent à mes côtés de sympathiques Brésiliens parlant parfaitement anglais. Nous avons vu des salines où vivent des flamants roses et leurs repas de crevettes microscopiques. Nous avons dévalé des dunes de sable et admiré des canyons de roches tricolores. Nous avons mangé des brochettes de lamas dans une toute petite ville et repéré de petits troupeaux sur la route. Et chacun de ces sites se trouvait à une heure ou deux à peine de mon hôtel à San Pedro.
C’est ce qui fait de cet endroit l’une des trois principales destinations touristiques du Chili, avec la Patagonie et Rapa Nui (l’île de Pâques). Ce petit village est un carnaval de boutiques de souvenirs dans des rues jaunes de poussière et de sable. Etudiants et jeunes diplômés se pressent sur la route étroite bordant leurs auberges de jeunesse dans le centre-ville.
Au bout de la rue, des complexes hôteliers de luxe répondent aux attentes des voyageurs plus exigeants. Ces derniers (parmi lesquels mes lieux de séjour, le Tierra et l’Explora) sont célèbres pour leurs excursions parfaitement organisées. Tous possèdent plusieurs adresses dans les paysages naturels les plus exceptionnels d’Amérique du Sud.
Dans l’Atacama, un séjour dans l’un ou l’autre de ces hôtels peut coûter plus de mille dollars la nuit ; parfois même deux pour le Tierra, ces prix comprenant repas, boissons et excursions. Mais la qualité est parfaitement à la hauteur. Dès l’arrivée, on s’installe sur un canapé, un verre à la main, pour rencontrer le responsable des excursions de l’hôtel. En ville, on peut trouver des dizaines de voyagistes. Ici, on dispose, sur place, d’un service personnalisé.
Au Tierra, où je n’ai passé que quelques nuits, nous avions planifié mes activités à l’avance. A l’Explora, nous nous retrouvions chaque soir dans le hall d’entrée pour discuter des excursions de mes rêves pour le lendemain. Si vous devez choisir entre les deux hôtels, le Tierra est plus petit et s’approche davantage d’un hôtel-boutique haut-de-gamme. Son charmant design moderne mise sur le bois naturel et la vue extraordinaire sur les Andes. La piscine ne peut être décrite avec des mots : il faut la voir de ses propres yeux.
L’Explora est un hôtel plus vaste, avec de grands espaces publics et une terrasse sur le toit, la plus haute de la ville. Le design, plus inspiré de l’architecture traditionnelle, évoque un ranch ou une hacienda extrêmement bien pensés. L’adresse est avant tout connue pour ses excursions, que l’on peut presque toujours choisir de faire en voiture, à vélo ou à cheval. De superbes étalons et juments se promènent dans les écuries, à l’entrée du complexe.
Le Nayara Alto et l’Awasi complètent notre liste d’hôtels favoris pour la région. Tous offrent un accès à un télescope géant qui permet de profiter pleinement du célèbre ciel noir immaculé de l’Atacama. J’ai pu voir les anneaux de Saturne deux nuits de suite ; les autres nuits, à l’œil nu, j’ai pu prendre conscience de l’artificialité de ma ville natale, New York. Comparé à l’Atacama, nous n’avons presque pas de nuit.
Lorsque j’ai quitté le désert, balayé par le vent et brûlé par le soleil, j’ai pris la route de Santiago avec un brin de nostalgie. Je ne sais pas si je reverrai un jour un endroit aussi miraculeux, et si ce sera dans un tel luxe. J’ai pénétré dans le Castillo Rojo, une magnifique demeure des années 20 transformée en hôtel-boutique au cœur de la ville, et y ai siroté un verre de vin rouge. C’était le jour de l’indépendance du Chili, et il y avait beaucoup à célébrer, et encore plus à se rappeler. Le jour de mon arrivée dans le pays, une semaine plus tôt, marquait le 50e anniversaire du coup d’État de Pinochet.
Los desaparecidos, c’est ainsi qu’ils appelaient les victimes disparues pendant son règne. Beaucoup avaient été enterrées dans l’immensité secrète de l’Atacama. J’ai repensé aux croix que j’avais vues sur la route, et j’ai réalisé que je n’avais vu qu’une partie infime de la région. Je suis revenu avec la ferme intention d’en faire inlassablement la promotion… et de faire passer pour un imbécile Charles Darwin, qui avait qualifié l’Atacama d’« inintéressant » lors de son voyage, en 1839, à travers l’Amérique du Sud.
Manifestement, il n’avait pas un bon guide.
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