Dissimulés dans l’ombre de destinations stars, les insoupçonnés sont des lieux peu connus éclipsés par la notoriété de leurs voisines. On se donne pour mission de vous faire découvrir ces pépites. Pour poursuivre cette série, direction Porto, la Portugaise qui cache merveilleusement bien son jeu.
Pas facile de compter pour voisine une célébrité. Avec ses plages de surf, sa douceur de vivre et son goût pour la fête, Lisbonne est devenue l’une des destinations les plus populaires en Europe. Ce qui laisse peu de place à ses consœurs pour briller. Tout du moins, c’est ce que l’on pourrait penser. Car c’est peut-être justement cette lumière braquée sur sa grande sœur qui permet à Porto de vivre discrètement, et de nous étonner d’autant plus. Car derrière ses jolies façades endormies, la petite ville charmante dévoile une personnalité festive à la hauteur de son patronyme.
Un labyrinthe de rues pavées qui grimpent et dégringolent. Accoudées de part et d’autre, des façades bouton d’or, bleu tendre, vieux rose, couvertes d’azulejos, agrémentées de balcons en fer forgé et de linge qui finit sa toilette. Nombre d’entre elles, déshabillées de leurs pierres et de leurs couleurs, témoignent d’une vie modeste et du temps qui passe.
On se trouve ici à Ribeira, le centre historique de Porto où les chats allongés le ventre à l’air, les habitantes époussetant leurs paliers et les églises centenaires semblent constituer le cœur de l’activité. C’est à se demander si le quartier n’a pas été créé de toute pièce pour ravir les visiteurs férus de décors pittoresques classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
En dévalant vers le sud, les façades multicolores dévoilent une vue imprenable sur le Douro, le fleuve qui a fait toute la route depuis l’Espagne pour retrouver l’océan Atlantique. Dernière touche ajoutée à ce paysage unique : un pont de style Eiffel enjambe le fleuve, superbe intrusion esthétique jetée à travers ce paysage pittoresque.
Voilà, on pourrait s’arrêter là. Et ce serait déjà très bien. Mais en pensant avoir tout vu, on passerait à côté de l’essentiel : l’âme de Porto, portée par ses habitants. Sa joie de vie, sa légèreté, son hospitalité, son sens de la fête qui s’embrase à la tombée de la nuit.
Ces rues endormies, que l’on prenait pour des allées de musée en journée, trompent habilement le visiteur. Les locaux, eux, savent qu’elles patientent tranquillement. Elles attendent la fermeture des rideaux, des bureaux, des salles de cours, la fin des dîners de famille et parfois des petits sommes de début de soirée pour prendre vie. D’autres rideaux se lèvent, ceux d’établissements nocturnes insoupçonnés. La nuit est douce. La rue se fait l’extension des bars à cocktails branchés et des clubs souterrains.
Et les Portuans déferlent enfin entre les façades élimées. Un verre à la main, ils débordent de bonne humeur. Ils accostent volontiers leur voisin. Ils accueillent l’étranger les bras ouverts. Les rires fusent, les chants résonnent. Leur ivresse sociale est communicative. On se croirait invité à une fête chez un ami, sous les étoiles. On se sent appartenir à cette masse festive qui se meut comme un seul homme. On se sent devenir Portuan, le temps d’une nuit.
Ce sens de la fête coule dans les veines de Porto. C’est ici que le célèbre vin, fierté nationale, est fabriqué. Dans les caves creusées de l’autre côté du pont, sur la rive faisant face à Ribeira. C’est là que les raisins, dorés dans la vallée du Douro, sont assemblés, peaufinés, choyés depuis des générations. Le breuvage a été élaboré au 17e siècle par des marchands anglais soucieux de préserver la qualité du vin transporté par bateau depuis le Portugal. Pour le fortifier, ils ont eu l’idée d’ajouter du brandy au cours du processus de fermentation. En a résulté un vin plus riche, plus sucré, plus alcoolisé. Il est peut-être là, le secret de la gaieté des Portuans, et de leur sens inné de la fête.
Hôtels
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