On ne présente plus la Corse. Paradis terrestre, île de beauté, etc… L’île regorge de charmes, et de touristes. Et si l’on vous disait qu’il existe encore, quelque part sur la Côte d’Azur, un petit bout de terre, aux paysages corses, qui appartient encore aux randonneurs? Son nom : la presqu’île de Giens. Mais ça reste entre nous.
Les vacanciers français la connaissent. Mais pas vraiment. Ils connaissent seulement sa Tour Fondue, point de départ des bateaux qui les conduisent jusqu’à l’île de Porquerolles. En été, un va et vient incessant à fuir absolument – comme pour l’ensemble de la côte méditerranéenne, la haute saison n’est pas une option. Mais la plupart des visiteurs n’ont aucune idée du trésor qui se trouve sous leurs pieds. Ils ne devinent pas qu’au-delà des limites du parking de l’embarcadère s’étirent quelques-uns des plus beaux paysages de la Côte d’Azur. Adepte de la région, je les avais moi-même manqués. Il m’a fallu du temps pour les trouver. La découverte fut d’autant plus savoureuse.
C’est entre Marseille et Saint-Tropez que se cache cette adresse connue seulement des initiés. La presqu’île de Giens s’extrait du littoral au sud de la vieille ville de Hyères, à laquelle elle appartient. Un coin de la Côte d’Azur ignoré par les touristes étrangers qui lui préfèrent des noms et des décors plus clinquants. Une bénédiction. C’est ce qui explique qu’elle soit, aujourd’hui encore, si préservée. Pourtant, on est là aux origines mêmes de la Côte d’Azur. Hyères était autrefois une ville de villégiature pour les fortunes européennes. Et l’inventeur du terme Côte d’Azur, Stéphen Liégeard, qui écrivit un livre à ce sujet, lui consacra son premier chapitre.
Giens est une île ou presque. Disons, plus tout à fait. Si Giens fut bien une île il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, il fallut depuis lui rajouter le “presque”. Comme les deux bandes de sable qui se sont rajoutées au fil du temps et qui la relient désormais au littoral. Un phénomène naturel rare. Qui porte le nom de double tombolo, pour les plus pointilleux. Et un condensé de biodiversité. Entre ces deux cordons sableux, des marais salants hébergent plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux migrateurs, dont des familles de flamands roses. Jusque-là, rien à voir avec les paysages Corse, mais on y vient!
Il suffit de poursuivre un peu plus loin pour atteindre le village de Giens, et se retrouver tout à coup à hauteur du Cap Corse. Voilà, on y est. Et sans même prendre le bateau. Qui dit latitude commune dit paysages communs. C’est sur le sentier du littoral, qui épouse les contours de la presqu’île, que la magie opère. Ici, contrairement à une grande partie du littoral, aucune ou très peu de constructions à l’horizon. Une nature intacte et préservée, saillie sauvage qui résiste encore à l’envahisseur et qui tranche avec les reliefs rasés des stations balnéaires de la côte.
Calanques, petits ports de pêche, maquis, falaises dentelées, horizon bleu carbone. À chaque tournant un nouveau tableau et un festival de couleurs. La végétation est dense, composée de pins d’Alep aux silhouettes courbées par le vent, de chênes verts, d’arbustes nains et d’immortels qui résistent aux éléments en recouvrant leur épiderme d’une fourrure argentée.
L’environnement pousse à la réflexion. J’essaye d’imaginer un instant le visage d’une Côte d’Azur entièrement sauvage. Avant le tourisme, avant l’urbanisation, avant la bétonisation. Un littoral de pinèdes, d’arbrisseaux, de contours rugueux. Sans routes, sans infrastructures, sans hôtels où séjourner. Un littoral qui me serait alors inaccessible. Impossible d’être là, sur ce sentier, à savourer ces paysages intacts. Pourtant, je veux les deux. Profiter de notre environnement tout en le choyant relève d’un équilibre subtil.
Depuis 1985, grâce à la loi littoral qui protège les côtes françaises d’un aménagement excessif, et notamment ses sentiers littoraux, arbrisseaux et flamants roses peuvent souffler. Les panoramas majestueux, les pauses déjeuner dans les criques, les pinèdes silencieuses se méritent. Ils ne sont accessibles qu’à pied et il faut emporter son baluchon. Là encore, la découverte est d’autant plus savoureuse.
Hôtels
Voici quatre de nos hôtels préférés à considérer si vous prévoyez une visite dans la région. La péninsule de Giens peut faire l’objet d’une excursion d’une après-midi ou d’une journée depuis Toulon, Le Royal-Canadel-sur-Mer, Le Castellet ou Hyères.